17/01/2016
Patrick Weidmann et la société du spectacle
Patrick Weidmann, « Images de charme », Centre de la photographie, à Art Genève Palexpo du 28 janvier 2016 au 31 janvier 2016
Le CPG présente à Art Genève une nouvelle série de Patrick Weidmann. Les photographies de son livre Magazine de Charme, (JRP Ringier, Zurich) seront complétées des nouvelles pièces. L’artiste y poursuit la monstration du fétichisme de la marchandise. Il double les images de base d’un autre corps : celui ou s’exhibe une forme de virilité - entre autres celles des «gendarmes en bottes noires». Avec « Magazine de charme », l’artiste a créé sa marque de fabrique. Il froisse des photographies issues des magazines pornographiques des années 70. C’est une manière d’effacer partiellement le message de base pour le transformer dans un « sous texte » ou plutôt une iconographie différente en contrariant le désir du voyeur qu’initiaient ces revues.
Le genre a pratiquement disparu. Décalées par le traitement de l’artiste genevois, ces oeuvres à la fois signent la fin d’une époque et illustrent la nôtre où la pornographie sous l’effet de diverses morales est de nouveau contestée. Face à elle la destruction en propose une apologie biaisée et ambiguë. Le froissement implique une sorte de poésie qui joue du faux et d’une certaine intemporalité. De cette « chirurgie » surgit une réserve du désir par ce qui a priori le phagocyte délibérément en déconstruisant les sémantismes originaux. Entre expérimentation et culture populaire un impérialisme médiatique est remisé au rang de produit de consommation dont l’artiste tire une substantifique moelle.
Jean-Paul Gavard-Perret
14:09 Publié dans Genève, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
16/01/2016
Front de la peinture contre économie de marché – Erik Lindman
Erik Lindman, « Torso », Ribordy Contemporary, Genève, 14 janvier -15 mars 2016
Pour chaque exposition Erik Lindman travaille longtemps à ses peintures. Cultivant souvent le diptyque il ne sait pas d’emblée les éléments qui iront ensemble. Une nouvelle peinture peut changer l’objectif initial. Peignant à l’horizontal sur une selle de cheval ; il accroche ensuite longtemps ses œuvres sur les murs de son studio pour savoir ce comment elles « vivent » et s’il faut les retenir ou non. Il aime cette exposition en avant-première qui devient son horizon visuel lorsqu’il travaille. Il adjoint souvent à ses peintures des matériaux “pauvres” de récupération. Il les nomme « surfaces » plus que choses. En existent toujours dans son atelier 3 ou 4 prêtes à être intégrées à l’œuvre en cours et afin d’introduire un espace anonyme au sein même du processus personnel de la création.
Les peintures alternent formats en hauteur et larges. Les deux modèles structurent ses expositions et demeurent toujours de l’ordre de l’échelle humaine. D’autant que les « surfaces » représentent souvent l’image du corps même de l’artiste. Il y a donc une logique dimensionnelle dans les œuvres. Elles ne peuvent être considérées toutefois comme des séries. L’artiste préfère l’idée de modules d’échelle en trouvant qu’il existe dans l’idée de série un sous-entendu « marketing » qu’il refuse. Et d’autant que pour lui chaque peinture doit « tenir » à elle seule l’espace.
Jean-Paul Gavard-Perret
11:16 Publié dans Genève, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
15/01/2016
Cécile Hug : vies cachées
Coffret Cécile Hug, « Les dormeurs », Editions Derrière la Salle de bains, 25 E.
Dans l’œuvre de Cécile Hug tout est feutré mais incisif. Sur ou sous des cocons opalins s’inscrit la rythmique de pulsations en sensations satinées. La brèche enchantée par ces échappées de charme se fait fruit de la passion, huile de perfection ordonnée. Reste la symbiose fantomatique en bouquet d’étoiles, en filaments discrets ou courses d’animalcules en une infinie liberté ou un appel à disparaître.
Chaque image est un soupir et rapproche d’instants virtuels mais magiques. Les dérobades enlacées bâtissent la fragilité bercée dans un nid de tendresse. Reste une moelleuse histoire énigmatique. Elle trouve ici l’équinoxe au milieu d’images limpides. Elles s’envolent vers les abysses. Une fois de plus il s’agit de glisser hors du temps sur l'instant d'une fébrile permanence. Haletant le souffle embrasé se réduit, le coeur se déshabille. Les émotions incandescentes croustillent sur un fond de vie cachée.
Jean-Paul Gavard-Perret
12:02 Publié dans Femmes, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)