22/06/2016
A la recherche de l’identité : Rita Lino
Rita Lino crée l'acquiescement insolite à son propre corps. A la fois il se dérobe ou jaillit (mais pas en totalité). L'artiste en apprivoise la profondeur par effet de surfaces. « Entartete » (« dégénérée" en allemand) propose la suite de tels « égarements » expérimentaux d’autoreprésentation au fil du temps. La sexualité est à la fois désinhibée et cachée. L’artiste entretient toujours un écart avec sa propre psyché. Elle y demeure seule et isolée sauf à de rares exceptions.
L’identité est révélée selon une forme de « cloaque » où elle n’apparaît que par lambeaux. Parfois elle affronte la caméra, parfois elle regarde ailleurs ou cache ses yeux et son visage. La nudité est rarement « nature ». Le corps ressemble à un masque pour ramener à l’idée que même nu et ce qu’il montre n’est qu’une apparence. L’artiste joue avec. Mais sans tricher. Et ose se montrer parfois comme une amoureuse dont la caméra sait plus sur elle, qu’elle-même se connaît.
Jean-Paul Gavard-Perret
Rita Leno, « Entartete », Editions du LIC, 2015.
14:22 Publié dans Femmes, Images, Monde | Lien permanent | Commentaires (0)
20/06/2016
Arthur Jobin : le cercle rouge
« Arthur Jobin », Monographie, co-édition Musée jurassien des Arts, Moutier et Associations Heaka Sapa, Fey,120 p., 2016
La monographie dirigée par Valentine Reymond donne la possibilité de mettre en évidence toute l’importance d’Arthur Jobin. L’artiste non seulement aura marqué son époque mais reste un maître de l’art abstrait dont le caractère initiatique a déterminé un courant d’idées inédites par l’exaltation de formes. Leur dépouillement trouve chez lecréateur toute leur puissance.
Par rapport à d’autres courants plus « faciles » (peinture gestuelle, informelle, etc.) l’art abstrait réclame un combat constant avec la toile dans la détermination d’une palette précise en correspondant à une structure. Jobin fait la synthèse du « rêve de la géométrie qui survit à l’état pur » en poussant plus loin l’abstractionnisme des constructivistes russes selon une forme qui tient d’un absolu pictural débarrassé de sa gangue de réalité pour atteindre la signification de pur signe.
Jean-Paul Gavard-Perret
08:49 Publié dans Images, Suisse, Vaud | Lien permanent | Commentaires (1)
19/06/2016
Terrae incognitae : Graciela Iturbide
La mexicaine Graciela Iturbide eut comme professeur et mentor, Manuel Alvarez Bravo dont elle fut son assistante au début des années 1970, pendant ses nombreux voyages photographiques à travers le Mexique. Mais elle est influencée par les photographes surréalistes comme par Josef Koudelka, Henri Cartier-Bresson, et Sebastião Salgado. Elle se concentre sur les cultures de son pays où se mêlent l’extraordinaire dans l’ordinaire, la magie dans le réel et cherche à capter les « perdants » de la société qui entretiennent un rapport particulier avec le mystère et le monde animal.
L’artiste poursuit une réflexion autour du corps et de ses souffrances. Le tout avec sensibilité, gravité et parfois une once d’humour. Chaque image prouve que le réel est habité. L’artiste en restitue des « fils » souvent cachés. Ceux d’hallucinations programmées que la photographe tente de montrer et parfois de déchiffrer. Surgissent des danses immobiles d'une masse ineffable afin que l'œil soit ému par l'impact de mondes inconnus et premiers.
Jean-Paul Gavard-Perret
Graciela Iturbide, « Naturata » de 3 juin au 22 juillet 2016, Neal Guma Fine Art, Charlottesville, USA.
10:08 Publié dans Femmes, Images, Monde | Lien permanent | Commentaires (0)