17/02/2018
Denis Freppel à la fondation Auer Ory
Denis Freppel pendant trois décennies a exploré les archives visuelles constituées par l'architecture de Los Angeles et de ses alentours. Passionné de cinéma et d’images fixes il a photographié les quartiers de la cité des Anges. Elle est devenue sa ville d’adoption et pour la saisir il a mêlé photographies documentaires et d'architecture en saisissant « l’ombre et la lumière, le vide et le plein, le beau et le laid, le bruit et le silence » en une sorte de nouveau journalisme quelque peu déjanté.
Autodidacte, influencé par les livres d’Ansel Adams, Freppel a toujours préféré le noir et blanc à la couleur. C’est parfois une vue d’ensemble ou parfois un détail qui impose la prise. Mais pour l’artiste tous les sujets -petits ou grands- ont la même importance.
De la sorte il propose un étrange kaléidoscope de la ville californienne. L’exposition mêle réalisme et poésie de la ville en ses mutations architecturale. Non seulement les photographies suscitent l’étonnement : elles ouvrent un fantastique voyage d'exploration autour d'une ville dont la circonférence reste incertaine et le centre toujours inconnu car non repérable.
Jean-Paul Gavard-Perret
Denis Freppel, « Los Angeles, architectures et autres horizons, 1967-2010 », Fondation Auer Ory pour la photographie, Hermance, du 18 janvier au 13 mai 2018.
15:02 Publié dans Culture, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
Le monde minéral de Benoît Jeannet
Benoît Jeannet, “A Geological Index Of The Landscape”, Mörel Editions, 2018.
Benoît Jeannet explore la montagne en embrassant ses espaces : dans leur totalité ou en réduisant sa vision aux cristaux que leurs plis cachent. L’artiste y explore l’immémorial tout en offrant un cadre quasi conceptuel (mais sans tomber dans l’art du même nom) à sa puissance et ses richesses.
La montagne garde sa force mythique et le photographe en repousse paradoxalement les limites purement « physiques » par la manière de les capter. La photo a bien sûr un caractère informatif et géologique mais par sa vision il dépasse de telles limites descriptives. Sans emphase lyrique mais avec son « œil », Benoît Jeannet recrée la magie des lieux et ce qu’ils cachent selon un « toucher» particulier. Le photographe s’engouffre en une sorte d’absolu du minéral avec rigueur mais sans froideur.
Tout le mystère et la force de la nature est là. L’image n’est pas « de » la montagne mais naît d’elle afin qu’en surgisse un ensemble et des trésors disséminés dans ses entrailles. Elle reste ici une muraille qui jaillit dans une lumière particulière. Celle-là échappe à une vision purement « scientifique » et retrouve les chemins de la poésie entre l’immense et l’infime. Celui-ci émerge des ombres appesanties.
Jean-Paul Gavard-Perret
08:34 Publié dans Images, Nature, Science, Suisse, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)
16/02/2018
Jindrich Štyrsky ; un monde rempli d’Emilie et de ses résonances
Jindřich Štyrský (1899 -1942) est avec Toyen le plus grand poète et artiste surréaliste tchèque. Il appartint au groupe « Devesti » et fut l’un des membres fondateurs du « Groupe des surréalistes de Tchécoslovaquie ». Il a été aussi photographe, directeur du groupe « La théâtre libéré » et éditeur entre autres de deux revues d’avant garde : "Erotická revue" et "Odeon" dans lequel parurent plusieurs de ses textes courts et des études sur Rimbaud et Sade.
Les éditions Mörel republient en fac-simile « Emilie Comes to me in a Dream », un livre conçu et fabriqué par l’artiste en 1933. Cette édition témoigne des hallucinations érotiques et surréalistes de son créateur. L’œuvre est la parfaite introduction aux rêves voluptueux et fabuleux. Les photographies caressent les fantasmagories en plongeant dans un univers cosmique et fantastique où la femme est maîtresse de parades sauvages riches en stupre et fornication.
De telles images anticipaient le futur. Elles restent une rébellion avec la conscience certaine d'un dérèglement des codes même si les mises en scène sont habilement établies. Il ne s'agit pas de « voir du pays » mais de faire basculer le réel de manière magistrale pour le bousculer érotiquement là où planent des amours muettes et des étreintes tacites.
Jean-Paul Gavard-Perrret
Jindrich Štyrsky, « Emilie Comes to me in a Dream », Mörel Books, 2018.
19:12 Publié dans Culture, Images, Lettres | Lien permanent | Commentaires (0)