28/08/2018
Eva Szombat la première des femmes
Eva Szombat ne retient du réel que le sens de la vie quelque en soit la nature mais sous le seul sens de l’alacrité. Se moquant des beautés et des pauses classiques la photographe met la vie en rose là même ou des plis existent. Pas question de voir dedans : en jouir suffit sans se soucier d’éventuelles failles. Et si elles rodent c’est peut-être là que niche un bonheur.
Remède contre la tristesse, tout ici est musique. Les instruments pour la jouer ne sont pas obligatoires. Sauter sur un lit, le clapotis d’un corps replet, un toutou qui se demande ce qu’il fait là suffisent pour qu’émergent des essieux de temps non des crissements mais des sérénades.
Dans leurs fragrances sans chichis de telles photographies se dégustent. Elles donnent le pouvoir de rêver du (bon) temps. Qu’importe les contextes de certains errements. Soudain les démons s’assoupissent. Nulle question de demander pardon : le péché n’existe plus, n’existe pas. Le corps sort des étouffements, exulte, tel qu’il est
Jean-Paul Gavard-Perret
Pour voir les œuvres : cite de l’artiste et à paraître catalogue « Thirty Three » (sur la photographie hongroise), Hatje Cantz, Berlin.
15:47 Publié dans Femmes, Humour, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
Chronique des amours : Jenny Roya
Jenny Roya sait quand il le faut revenir aux images. Et dans ce but elle a retrouvé tous ses ex. Il s’agissait pour elle de leur demander les images qu’ils avaient fait et qu’ils s’étaient fait d’elle. Apparemment la Suédoise est une aimable personne : tous ont répondu présent. Fille - ici d’Eros et de Psyché - Jenny Roya se retrouve en une suite de séquences qui font rappel aux plus beaux souvenirs plutôt qu’aux combats qui purent s’ensuivre.
Ce qui permet à la créatrice de retrouver à la fois son espace intime tel qu’il est devenu au fil des ans et aussi d’évaluer par la qualité des photos le regard que ses amoureux portaient sur elle. En rien Gorgone elle laisse derrière elle (du moins apparemment) un certain désir - à moins que le souvenir rappelle sa rédemption. Toujours est-il que les amant de jadis, naguère, hier et maintenant, en solo ou parallèlement créent un panoptique éclectique.
Le montage intitulé «Askling » ("chérie") est présenté avec bien plus d’humour que d’emphase. La vie scandaleuse (enfin presque) de l’artiste construit un show-case éclectique dont, et grâce à cette recollection, tout le monde semble pouvoir profiter. Existe donc là une reprise plastique des traces de bien des duos d’amour où les regards se croisent forcément. Et entre lequel celui du voyeur s’immisce. Forcément ? Rien de moins sûr car les amoureux sont seuls au monde.
Jean-Paul Gavard-Perret
http://www.jennyrova.net/projects/3/_lskling_a_self-portrait_through_the_eyes_of_my_lovers.html
08:54 Publié dans Femmes, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
27/08/2018
L’immoraliste Président Vertut
« Président Vertut », Galerie Laurence Bernard, 13 septembre – 10 novembre 2018.
Mathieu Vertut (aka Président du même nom) vit et travaille à Genève. « Chantre d’une économie artistique rationalisée, escroc impliqué dans des montages douteux au cœur de la crise financière, homme politique et fondateur d’une République de l’"extrême milieu" » comme le définit (avec raison) la Galerie Claude Bernard, l’artiste - grâce à son double - explore une diversité de mediums (de la B.D. aux objets métaphorique) afin de faire bouger bien des lignes tant de l’art et ses supports que la politique et l’économie. Le tout en s’amusant afin que le regardeur se mette à rire jaune.
Contre ce qu’on nommait, il y a peu encore le « bling-bling », le créateur repousse les limites de l’image et de ses clichés. Il multiplie les extravagances dans la mouvance d’une exagération post-romantique en diversifiant des tournures intempestives dans chaque genre qu’il aborde.
La stratégie est un refus de la fabrication du chef-d’œuvre. De la même manière le Président ne se prend pas pour un philosophe. Il évite « simplement » de réduire l’art à un cimetière. Il le ramène vers la jouissance et en évitant de prendre rendez-vous avec l’Absolu. L’impertinence des œuvres crée un univers moins de cire que de circonstance. Mais sous forme de bouffonnerie l’artiste bâtit avec plus de sérieux qu’il feint de le montrer une œuvre critique afin de mettre à mal la dictature de la raison et rendre non comestibles les pâtes idéologiques dont est confit le monde de l’art.
Jean-Paul Gavard-Perret
19:50 Publié dans Genève, Humour, Images, Résistance, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)