05/03/2019
Le monde de Camille Scherrer par Françoise Jaunin
Françoise Jaunin, "Entre l'alpestre et le numérique - Conversations avec Camille Scherrer", art&fiction en coéditions avec le CHUV, Lausanne, 2019, 68 p..
Camille Scherrer née en 1984 à Morges a grandi à Château-d’Œx. Elle est devenue une designer suisse majeure et explore les intersections entre le réel, l’art et les nouvelles technologies. En 2008 elle obtient son diplôme de designer à l’ECAL à Lausanne. Elle est aussi professeur en master media design à la HEAD à Genève et ses travaux ont été exposés notamment au MoMA de New-York, à Tokyo, San Francisco, New Orleans, Beyrouth, Paris, Séoul, Istanbul. Ce livre permet de comprendre ses aspirations et ses ambitions.
S’inspirant des montagnes au pied desquelles elle a grandi elle a créé son propre univers peuplé d’animaux, de télécabines, de sapins et de cartes postales. Elle se consacre aujourd’hui essentiellement à son travail d’artiste designer et trouve son terrain de recherche préféré dans des installations et interventions artistiques pour l’espace public. Ouvertes à diverses techniques et approches ses images retiennent le temps et l'espace tout en proposant par effet de bande une réflexion - parfois avec drôlerie et parfois gravité - sur l’époque.
En ses (re)constructions l’espace est démultiplié. Une confrontation communicante à plusieurs entrées se décline au moyen de l'univers montagnard. Cherchant la sidération et la réflexion, comme le souligne Françoise Jaunin, elle transforme cet univers, le décale. Elle offre le paradoxe d'images "mangées" pour que d’autres images se développent. Un suspens demeure. Il permet de passer de l’illusion subie à l’illusion exaltée par l'art.
Les créations ne sont pas de simples fenêtres ouvertes sur le monde. Leur découpe renvoie à une obscurité par la luminosité. La création devient même le lieu d’un rite de passage où tout s’inverse. Grace à François eJaunin elle explique comment ses images deviennent des fables de lieux anachroniques qui - repris - brisent notre façon de voir et de penser. Elles sont ni le propre ni le figuré mais une zone où l'émotion crée moins le songe que la méditation. Jaillit une poésie plastique forte en émulsions par sa puissance occulte.
Jean-Paul Gavard-Perret
13:18 Publié dans Femmes, Genève, Images, Suisse, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)
04/03/2019
A Cheval avant Dada

Il est sans doute plus mortfère que les deux autres mais les trois recherchent la rédemption d'une nouvelle humanité qui allait piquer du nez au moment du premier conflit mondial et sa boucherie. Mais reste chez eux un éclat d'or de la peinture. Macke comme Kandinsky atteignent l'abstraction absolue. Elle devient une sorte de "coma" transcendantal. Face à la souffrance qui fait pleurer le ciel le groupe aura créé un "almanach" warburgien (en 1911) où sont réunis les images qui comptent pour eux et deux exposition vilipendées par la critique de l'époque.
Néanmoins le rôle du groupe munichois est capital. Même s'il s'agit déjà pour certains d'un art "dégénéré" avant la lettre. Mais tout l'art moderne était plus qu'en gestation. Les œuvres et les écrits du triumvirat permettent de comprendre ce virage fantastique de . Même si Macke va disparaître un temps de l'histoire de l'art et si Mark va devenir instrumentalisé par le nazisme comme une exemple de la germanité avant d'être reposté dans l'art dégénéré, les deux créateurs ont créé une extension d'un univers que la rationnalité officielle refusa et renia. Toutefois la lave poétique des deux oeuvres se détache des miroirs "embrunés". Et les deux artistes continuent de compter.
Jean-Paul Gavard-Perret
"Franz Marc / August Macke. L'aventure du Cavalier bleu", Musée de l'Orangerie, Exposition du 6 mars au 17 juin 2019
10:09 Publié dans Culture, Histoire, Images | Lien permanent | Commentaires (0)
03/03/2019
Anne Libby : poésie verticale
Anne Libby, exposition, galerie Ribordy-Thetaz, Genève, du 5 avril au 10 mai 2019.
La galerie Ribordy-Thetaz de Genève propose - sauf erreur - la première exposition européenne en solo de la sculptrice américaine Anne Libby. Son œuvre a fait l'objet de nombreuses expositions personnelles aux USA et elle a également participé à un grand nombre d'expositions collectives à travers le monde mais l'Europe la boudait.
L’artiste à travers ses recherches évite de prendre le monde pour ce qu'il est. Elle monte et agence en lieu et place de cadres et totems d'un baroque inédit en inox et autres métaux ou matières. L'élévation du mémorial est non penché sur le passé mais perche le futur. L'abstraction crée une forme d'espoir fondé sur diverses structures impérieuses et originales afin de prolonger l'aventure humaine et de la sculpture.
De telles préhensions hâtent le lever d'un soleil, réconcilie le ciel et la terre en parapets, armures abstraites, portes magiques, jeux de construction et assemblages. Ils deviennent des ponts verticaux. Ils ressemblent à des jets qui ne retombent pas, des ailes qui ne s'usent nullement et se fatiguent jamais. L'artiste remet ainsi de l'ordre dans les valeurs de la vie. La puissance tient par le fer à l'allègement et pour pénible que soit l'attente une aube pointe.
Jean-Paul Gavard-Perret
09:03 Publié dans Culture, Femmes, Genève, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)