03/05/2019
Nathalie Herschdorfer du Locle au monde
Nathalie Herschdorfer est curatrice et historienne de l’art spécialisée dans l’histoire de la photographie. Elle dirige le Musée des beaux-arts du Locle (MBAL). Pour elle "Le corps est un champ de bataille". Elle le montre en diverses sources sous un kaléïdoscope de poses, couleurs, formes. Elle le politise et le conceptualise. Et ce au moment où l’époque numérique le transforme et que s'ouvre l'ère « corps post-industriel ».
Celui-ci reste un objet. Mais d'outil au service de divers process et utilisations (mains d'oeuvre comme vecteur d'éros) il devient ce que Nathalie Herschdorfer nomme un "chantier". Il ouvre à de nouveau champs de fantasmes et de "réalité" qui répondent à des standards de curiosités, d'obsessions, de fantasmes plus ou moins préfabriqués.
Le livre explore en 360 images tirées de divers "lieux" (art, science, mode, monde vernaculaire, etc.) les nouvelles normes et leurs exploitations. S'y retrouvent des photographies de Nobuyoshi Araki, Bettina Rheims, Lauren Greenfield, Viviane Sassen, Cindy Sherman, Daido Moriyama, Juergen Teller, etc.. Elles sont accompagnées de photos médicales et d’un texte du psychologue David Sander qui analyse des représentations neurologiques de notre propre corps. En un tel panorama, il apparaît dans ses divisions - de la beauté spectrale jusqu'à des visions plus littérales.
Jean-Paul Gavard-Perret
Nathalie Herschdorfer, "Corps", Panorama de la photographie contemporaine du corps humain, Fonds Mercator, Thames & Hudson, Giulio Einaudi editore, 2019.
11:42 Publié dans Culture, Femmes, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
Maxime Genoud el les bijoux ravis
Maxime Genoud, "The Weirdest Boner", Photographies, Exposition dans le cadre de la septième édition de la Fête du Slip, Festival des sexualités, Lausanne, mai 2019.
Pour le plaisir comme disait Herbert Leonard, Maxime Genoud a parcouru les stands et allées de l’AVN - "Adult Entertainment Expo" - de Las Vegas en janvier 2019. Et c'est occasion de rappeler combien dans le cochon tout est bon - même lorsqu'il est humain. Il en va de même avec la charcutière et l'homme qui tient la caisse.
Le photographe a donc suivi consommateurs et commerciaux de l'industrie érotique voire pornographique. Il fait preuve d'une vision distanciée : à la fois ironique mais précise quant à une production qui bascule de la libéralisation des corps à un money making system porté à la perfection.
Maxime Genoud s'amuse une nouvelle fois avec des postures et impostures voire une "furor vacui" dont il n'est jamais dupe. Une forme de prostitution institutionnelle prend le haut du pavé. Mais pas question pour lui de s'en offusquer : mieux vaut jouer avec de tels stéréotypes de spéléologies plus ou moins spécistes pour les annihiler.
Jean-Paul Gavard-Perret.
09:32 Publié dans Humour, Images, Suisse, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)
02/05/2019
Roses pourpres de Rome et d'ailleurs en noir et blanc - Paolo di Paolo.
Le livre de Paolo di Paolo permet de retrouver une des photographes portraitistes majeurs. Quoique a priori engagé par divers revues au fil des ans pour ses capacités de reportage, ses oeuvres ne sont pas documentaristes mais de réelles oeuvres d'art. Le monde des stars n'est en rien "paparazzé". Anna Magnani s'y abandonne à la vue de son toutou pas snob.
Paolo di Paolo a donc offert un univers magique : Gloria Swanson amoureuse y est saisie en torsion dans un jardin romain, Marcello Mastroianni reste songeur devant une tasse de café semble lorsqu'il est visité par une cascade de lumière. Ezra Pound sort pour quelques instants de sa cachette. Quant à Pasolini l'auteur en donne le portrait le plus significatif là où le désir et le tragique jouent à fond.
Photographe de la lumière plus que de l'éclairage, Paolo di Paolo a saisi Pasolini dans un coin de l'image regardant un garçon dans l'autre angle sur la colline de Monte Dei Croci. Entre les deux Rome semble une ville ouverte ou un abîme. L'image est mystérieuse - aussi physique que spirituelle. La solitude y règne comme souvent chez le photographe sauf lorsque Giuletta Massina et Fellini s'embrassent.
Jean -Paul Gavard-Perret
10:29 Publié dans Culture, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)