13/08/2019
Illusion et vérité de l'art : Philippe Zumstein
Philippe Zumstein, "Light Shift", Galerie Laleh June, Bâle, 2019
Après ses diplômes en histoire de l'art à l'Université de Genève et de l'Ecole d'art de la ville, Philippe Zumstein est devenu un artiste international. Il a exposé entre autres au Kunsthalle Palazzo de Liestal, au Centre d'art de Neuchâtel, au Musée Arlaud de Lausanne et à la galerie Laleh June de Bâle.
Par ses peintures et sculpture l'artiste interrogeant constamment leurs limites dans l'esprit d'Antonin Artaud lorsqu'il écrit " Ce qui est du domaine de l'image est irréductible par la raison et doit demeurer dans l'image sous peine de s'annihiler". Toutefois il existe une raison aux images de Zumstein. Elles produisent des effets qui testent le regard et provoquent le désir par recouvrement, déformation, réflexion, superpositions. Le spectateur est convoqué à des expériences sensibles et sensorielles où la forme est en constante mutation et le représentable est en question.
L'artiste prolonge ainsi les recherches esthétiques du XXe siècle. Il les synthétise, modifie, défigure au besoin pour les pousser plus loin. L’abstraction est particulièrement remixée et refaçonnée à partir de techniques ou matières expérimentales (verre, aluminium, plastique, toile et laque pour carrosserie, etc). Paradoxalement, et même si elle est entretenue, l'illusion n'existe pas dans des insertions multiformes et brillantes là où la raison traverse autant qu'elle est traversée. Et c'est bien là la puissance de l'oeuvre.
Jean-Paul Gavard-Perret
09:20 Publié dans Genève, Images, Suisse, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)
12/08/2019
Pierre-Alain Münger : Boum !
Enfant Pierre-Alain Munger aimait casser ses jouets à l'aide de marteaux. Fidèle à ses premières "déconstructions" il continue à produire des crash-tests... Etudiant de près ces phénomènes de destruction et avec l'appui de documentations techniques et scientifiques il s'intéresse à la puissance des forces cinétiques aussi invisible que prégnantes et ce à travers divers médiums.
Il produit lui même des collisions frontales. Elles réclament de nombreuses heures de préparation et de planification. Existe une véritable expérimentation de la part de celui qui fut assistant d'un autre sculpteur suisse - Carlo Borer - pendant 15 ans. Son élève ne cesse de rendre visibles les déformations des formes des voitures comme d'autres objets (lampadaires, signalisations, arbres). Par ses sculptures, études sur papier et peintures il met à nu de tels phénomènes qui le fascinent.
Hyperréalistes ses oeuvres restent néanmoins poétiques, austères mais jubilatoires grâce à l’élan de telles rencontres et de leurs évidences d’un débordement des berges de la normalité pour ramener par la bande vers une approche des plus paradoxalement "existentielles" qui soient.
Jean-Paul Gavard-Perret
Galerie Soon, Berne.
14:29 Publié dans Culture, Images, Suisse, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)
11/08/2019
Serena Maisto l'arachnéenne
Née à Mendrisio, Serena Maisto est une artiste suisse. De Lugano mène son propre chemin et développe un langage de traces aussi vives qu'introspectives. Elle utilise divers genres (peinture, sculptures) et divers matérieux (acrylique, métal, etc.) et s'intéresse aussi à l'intercation entre photographie et peinture.
Existent dans son oeuvre de troublantes transparences, des déchirures et biffures. Elles couvrent et dévoilent, éloignent et rapprochent, annulent soudain l’effet civilisateur de l'image au sein d' un questionnement sur l'image jamais vraiment apprivoisée. De telles saisies arachnéennes préservent la vie là où les lignes épousent le temps dans la promesse d’éclosions et d'essors ou volutes et mouvements.
L'artiste invite à, une fouille. Dans les tréfonds obscurs peut se découvrir une image qu’on aurait côtoyé peut-être dans l'inconscient. Surgit un statut ambigu de la représentation dans une société avide toujours de cloisonnements et de pérennité. L'artiste donne à voir tout un travail de sape salutaire et une vraie liberté. Celle qui fonde, qui brise, révèle et tend à occuper tout l’espace et faire le vide autour d'elle.
Jean-Paul Gavard-Perret
Cortesi Gallery, Lugano.
10:51 Publié dans Femmes, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)