19/12/2020
Dan Hayon : éloge de la mauvaise photo
La série « Hommage à Paula Rego » est créée à partir d’authentiques mauvaises photos. "Il est important de prendre de mauvaises photos" écrit l'artiste. Il ajoute "elles ont à voir avec ce que je n’ai jamais fait auparavant. L’authenticité est inestimable; l’originalité est inexistante." D'où cette approche d'une forme de collapsologie ou de ravage.
Chacun de ces ratages contient son propre secret sur un secret que l'artiste lui-même ignore. C'est pour cela que leur supposé "plus" nous en apprend toujours moins. L'artiste a modulé ces photographies en des collages dans lesquels l’humour - mais pas la dérision désobligeante - est présente.
C'est une manière - proche du surréalisme et de Ersnt - pour ne pas trop prendre le monde au sérieux. L'artiste lutte contre l'ennui mais pour participer à la décadence de l’homme d’aujourd’hui. C'est dit-il encore "une tâche divertissante et la seule qui m’intéresse". Mais c'est aussi un hommage à la Portugaise Paula Rego qui regarda le monde comme le fait Hayon : à savoir selon une radicalité qui se moque des prétentions à un art classieux et qui veut donner des leçons. Ici c'est au regardeur d'y loger sa propre interprétation.
Jean-Paul Gavard-Perret
Dan Hayon, « Hommage à Paula Rego », 2020, https://hayon.typepad.fr
15:27 Publié dans Culture, Humour, Images, Résistance | Lien permanent | Commentaires (0)
15/12/2020
Chris von Wangenheim : Répulsion et vertige
Pour la création de son esthétique, Chris von Wangenheim noue glamour extrême et de violence en jouant sur deux tendances : le «Film Noir» au cinéma et le «Sublime» dans l’Art. Les femmes y sont fatales, classieuses. Mais existent l'opposition et le décalage entre l’élégance et la décadence de la société privilégiée sous forme d'un sado-masochisme implicite.
Le photographe scénarise, à l'aide de ses images de violence animale ou autres, des peurs et des désirs les plus profonds de la société. Ses prises provoquent toujours un choc entre songe et réalité dans un mixage de crainte et de vénération. Et la photographie de mode - médium apparemment lisse - est soudain comme vérolée par des questions de la violence, de la sexualité et du voyeurisme,
Répulsion et vertige du plaisir sont créés par des photographies de haute couture qui traduisent de manière symbolique l'atmosphère des années 70 et 80 jusqu'à la mort tragique du photographe. Il a toujours su casser l'élan du désir par la présence de la violence. Elle reste pour lui le destin des êtres et de la société.
Jean-Paul Gavard-Perrett
Chris von Wangenheim "Glamour and Danger", The Select Gallery, New-York décembre 2020
10:10 Publié dans Culture, Images, Monde | Lien permanent | Commentaires (0)
14/12/2020
La peinture autonome de Fabian Treiber
Fabian Treiber, "Painting the Night Unreal", Galerie Mark Müller, Zurich, jusqu'au 19, 2020.
Ni véritablement réalistes, ni complètement abstraites, les oeuvres de Fabien Treiber constituent à elles seules un genre particulier. Le plasticien utilise souvent diverses matières pour créer des compositions dynamiques. Intéressé par les relation entre l'artiste et le médium, le premier veut que son expérimentation des matériaux reste au fondement de sa pratique.
La peinture devient en conséquence à multifacettes. Les surfaces des toiles apparaissent comme possédant une diversité de textures à travers des assemblages qui rappellent ceux de Robert Rauschenberg. Il s'agit pour Treiber de "trouver des images plus que de les créer'" écrit-il et ce afin de tester une nouvelle manière de faire art.
D'abord dessinateur, le "testeur" est de plus en plus peintre à part entière tout en utilsant aussi des formes d'installations. Il utilise autant l'acrylique, l'encre que des résines synthétiques pour atteindre les textures et les tonalités qui fomentent un impact sur le regardeur en ce qui pour lui représente la "pure peinture" (comparable à la "poésie pure" de l'abbé Brémond) capable de créer ce qu'il nomme des "dérangements positifs".
La narration picturale prend un nouveau sens dans le dialogue que l'artiste entretien avec la peinture. Le premier, par la seconde, exprime quelque chose directement tout en créant physiquement des affects que chaque tableau impose par des formes qui se désirent autonomes.
Jean-Paul Gavard-Perret
18:33 Publié dans Culture, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)