22/02/2019
François Burland : rétrospectives dystopiques
François Burland, André Ourednik, "Atomik Submarine", art&fiction, Lausanne, 2019, 92 CHF.
Atomik Logbook est composé de 21 planches en risographie reproduisant les collages de François Burland crées pour Atomik Submarine qui font suite à son "Atomic Bazar". Il revisite l'imagerie communiste, ses armes, ses affiches, ses slogans en les détournant. Si bien qu’ils ne sont plus au service de la pseudo révolution bolchévique mais pour une remise en cause du système capitaliste tel qu'il devient désormais. Existe donc une reprise et un renversement
La gravure propose une esthétique originale dans ses détournements et transferts. L'apparent bricolage de certaines sculptures de l'artiste est transformé en de superbes collages. Ils offrent une dystopie paradoxale. L’anticipation joue de divers temps et François Burland "s'affiche" toujours comme un agitateur. Au jeu abstrait d’intrigues, de pouvoir et de manipulation il oppose ses farces et attrapes pour provoquer un trouble.
Ce qui se laisse voir n'est plus un pur reflet du réel. Une autre réalité se découvre grâce à une série de choix techniques et esthétiques spécifiques. La représentation devient l'effondrement de l’apparence d’hier comme d’aujourd’hui. Surtout d'aujourd'hui et de lendemains qui à l'inverse des fariboles marxistes ignorent le grand soir. Mais dans tous les cas les nuits restent noires.
Jean-Paul Gavard-Perret
10:28 Publié dans Humour, Images, Résistance, Suisse, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)
19/02/2019
MG : en voiture
MG crée des images dont "les lignes noires parcourent la toile en une mise en plomb qui forme au fur et a mesure le cadre d’un vitrail, dont les couleurs apparaissent à l’intérieur en une superposition parfaite d’aplats". Les sujets y sont souvent érotiques, un rien (voire plus) pervers afin de suggérer divers types de sensations ou d'émotions. Toute l'oeuvre prend sa source avec l’arrivée du mouvement street-art que l'artiste reprend à sa main.
Le corps s'ouvre et se referme. D'autres paupières se soulèvent dans la mémoire. La femme s'expose comme énigme. Une pulsation reste ce qui sourd du plus profond mangé d'ombres. MG les éclairent ou les brouillent moins pour la sensation que l’émotion qui troublent les cartes du tendre comme celles d'une certaine violence.
Existe une sorte de merveilleux B-D. Il transforme un naturalisme pour le porter vers un cinéma hollywoodien noir et blanc ou en couleurs. Sous des poses plus provocatrices qu'ingénues tout un monde s'agite. Les femmes deviennent des étoiles filantes ou des naines brunes ou blanches. A la sauvagerie brute se substitue le suspens qui peut la laisser sourdre. Voire plus : aucune limite ne semble pouvoir l’arrêter sinon le bord d’une robe ou le promontoire d’une dentelle.
Jean-Paul Gavard-Perret
MG, "The soft exhibition", Galerie Berrtrand Gillig, Strabourg, à partir du 21 février 2019.
14:25 Publié dans Femmes, Fiction, Humour, Images | Lien permanent | Commentaires (0)
12/02/2019
Les Krims : l'art du kitsch et de la provocation
Les Krims reste un iconoclaste. Depuis son camp de base à Buffalo il continue à frabriquer un monde baroque à partir du réel. Rien de pacifique dans ses vues. C'est le monde des débordements et des plaisanteries que l'artiste fait imprimer parfois par Shutterfly car il peut bénéficier de "thèmes Disney" libre de droits pour ses jeux de crucifixions ludiques.
Le photographe américain rajoute couches et louches d'une poésie de la subversion. Il offre au sein même du média le plus réaliste des changements d’échelles et divers types de transgressions. Il opère donc sur nos représentations des opérations comiques et submersives. Elles consistent à nous faire prendre conscience du maquillage du réel que nous appelons vision. Dans ce but l’artiste «inflige» dans ses photo-collages et ses protocoles hirsutes un fourmillement visuel en contradiction avec ce qu’on prend pour une profondeur de vue.
L'œil s’emplit d’un théâtre de formes et de couleurs en rafales pour une exploration du rapport de la nature humaine et de la culture où elle baigne. L'artiste poursuit ses séries de "monstres" : après la vie des personnes de petites tailles puis des chasseurs de daims, il visualise des plagistes décalés et sans complexes qui posent en un amoncellement de détails. Au cœur des débordements surgit un équilibre particulier : il fait le jeu de la démesure.
Jean-Paul Gavard-Perret
14:55 Publié dans Culture, Humour, Images | Lien permanent | Commentaires (0)