01/01/2015
Alexis Georgacopoulos : le territoire miné des choses
A travers les œuvres d’Alexis Georgacopoulos - qui fit ses classes à l’ECAL de Lausanne - des flaques surgissent dans le ciel et des trous sur le sol. Chaque objet contient un temps plein, un temps mort, une boîte noire ou un blanc bol. Les robes à fleurs sont dévorées par des plantes carnivores élancées sur leur tige. En bas (de soie) la rivière, en haut (de chausses) le chemin entre il n’y a pas grand-chose sinon des farces. La lune montre sa face cachée : un viaduc s’y élance sur ses précipices et chevauche des voix lactées façon Nestlé. Toutes les choses mortes s’animent, habillées et coiffées de manière intempestive. Elles font ce qu’elles peuvent : certaines partent, d’autres reviennent. Il pleut des formes sur le monde. Cela a à voir avec un désir pas forcément sexuel.
Il faut chercher ailleurs et se demander ce qui reste des mots et des choses. L’artiste en polit les galets ou le baigneur. Tout chaloupe sur le Léman quand soudain le ciel est à la portée d’une haute colline. Sous son ourlet renflé le réel bafouille. Chaque chose qui va à la chasse perd sa place. On peut néanmoins la trouver gironde et pas seulement du côté de Bordeaux. Tout ce que l’artiste expose ou crée semble donc une note en marge d'un texte totalement effacé. Nous pouvons plus ou moins - et d'après le non-sens de chaque objet - déduire ce qui devrait être le sens de toute image. Mais il reste toujours un doute tant les sens possibles en telles créations. L’espace est à l’intérieur de l’espace. Il n’est pas à l’intérieur de telles choses. Cela leur donne toute leur présence. L’espace qui n’est pas là se donne à elles. Il est soufflé. Restent des survivances, des hantises. Bref une inquiétante mais drôle étrangeté.
Jean-Paul Gavard-Perret
00:10 Publié dans Humour, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
31/12/2014
Les messes câlines (ou non) de Frédéric Aeby
Frédéric Aeby chatouille le réel jusqu’à potron-minet à travers ses dessins, céramiques, sculptures ou meubles. Il le carrosse ou le dénude, puis l’ovulâtre ou le spermifuge en des coïts plus drôles qu’érotiques. Mais de telles bécotailles, d’accrocs au corps ou au cri créent des léchouilles en lapsus volontaires mais d’appellations non contrôlées. Le réel s’entrebâille sans jamais lasser. A l’inverse à force de tirer dessus il se délace. Sa trame apparaît par les fabulations du satrape et ses chausse-trappes. Dès le matin le jour puis la nuit se grisent sous la pendule qui de fil en aiguille qui s’en balance. La peau perd son toucher de soie mais chaque chose mène sa ronde.
Un banc sous un pommier, le givre l’habille, la pluie le déshabille. Sous son matelas l’herbe couche. Il reste néanmoins dessus plus d’humain que de guenille. Ils se souviennent des hivers où l’amour n’avait pas d’imparfait. Mais grâce à l’artiste fribourgeois le passé est plein de futur. Ce dont nous rêvions Aeby le prouve. Il regonfle nos brouettes et brouette nos gonfleurs. Puis prend un escalier dont la dernière marche est un lac alpin. Il y voit des jambes féminines dégainées de soie ou de nylon et rougies de l’eau froide. L’eau est si près de la lumière qu’elle les brûle sous de dolents clapotis. Le ciel passe lointain mais de l’eau son miroir se grise.
Jean-Paul Gavard-Perret
10:09 Publié dans Humour, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
15/12/2014
Mrzyk & Moriceau : les effeuillées roses en noir sur blanc
Avec Mrzyk & Moriceau si les liquettes restent au clou les seins ne demeurent pas sur le sable. Il y à là des verges et dessus de petits bedons, des glissements maritimes de phallus de Rackham le Rouge, des rires et torpeurs mais surtout des avis de tempête aux mateurs. Thalassa, viandes belles s'étalent selon des femmes épinglées et cabrées dans leur régime. Ça fait des oh, des ah. Les groseilles à maquereaux jouent les ablettes plus que les Alma mater dolorosa. Des reins éreintants ruissellent et bien des doigts faiseur de toisons agitent coquillages, fessiers et soieries à poissons. Tout est là.
Au bout c'est arrondi. C'est l'il. C'est en nylon. C'est oui ? Vagin vagine, copain copine. Gobant un certain vide le dessin broute de broc le bric des frocs et des nuques dévissées par des crics où les lignes craquent ou ondulent ouvertes par les clés d'un culte intime. Filles épinglées ou courbées, seins en plume : le crayon des sacripans ne veut plus les quitter et crache sa purée. Chose faite, chose sue et sucée, ce crayon à nouveau pointe. Le dessin lèche les pensées là où les Marie basses de l'aine ne battent jamais de l'aile.
Jean-Paul Gavard-Perret
Mrzyk & Moriceau : œuvres visibles au Mamco
07:27 Publié dans Genève, Humour, Images | Lien permanent | Commentaires (1)