01/07/2017
Sarah Haugg : lapinades
Pour Sarah Haugg les lapins servent autant de fond que de formes à ses images. Ils semblent sortis d’un rêve, des limbes ou d’une temporalité d’un ordre original. L’artiste crée une perturbation et une lutte obscure contre l’ordre établi. Les éléments flottent de manière impromptue, intempestive et drôle – toujours - d’une œuvre à l’autre. Nous sommes dans la communauté d’un clapier en folie et en couleurs jouissives.
Il s’agit d’entrer en un monde de rêves particuliers loin de la catastrophe mais où à l’inverse au-delà de la quiétude, le réel ne coïncide plus totalement avec ce qu’il est. Existe à la fois un abandon et un lieu de vigie. La métaphysique drolatique contamine la physique « lapinière » et l’image est donc bien différente d’une simple psyché.
Le réel est mis en abîme d’être : et ce entre durée et abyme comme s’il s’agissait d’atteindre une limite non du néant mais de la continuité de la durée qui paraît soutenir tous les temps et lui résister là où ce qui reste prend une plaisanterie particulière et moins non-sensique qu’il n’y paraît.
Jean-Paul Gavard-Perret.
Sarah Haugg, « Rabbit, rabbit, rabbit » www.sarahhaug.com
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28/06/2017
Dissolving views : Maxime Ballesteros
Maxime Ballesteros, "Les Absents", (français, anglais), Hatje Cantz, Berlin, 2017, 236 p., 35 E..
Maxime Ballesteros propose les dissolutions du réel et de tout ce qui fait le « bon » sens de la morale et de l’art avec humour voire dérision parfois cruelle. « Les Absents » ici n’ont pas toujours tord et l’objectif reste de savoir où ils se cachent, ce qu'ils jouent qui et pourquoi. L’artiste vise à la fois à rassembler et défaire un monde en des précis de décomposition. La chaîne visuelle est obtenue par une atomisation des stéréotypes et leurs renversements.
Les séries de "paysages" intérieurs ou extérieurs ressemblent à une éternelle vadrouille pour l'épuisement potentiel de schémas en ce qui tient d'un acte de résistance implicite. La photographie devient l’image la plus simple et la plus mystérieuse qui soit au moment où l’artiste propose une forme de subjectivité. Elle n’exclut pas l’émotion au passage mais ouvre surtout à diverses disjonctions et quelques coïncidences.
La vie et la photographie deviennent ininterrompues, concomitantes. Non pour une promenade mais une errance. Dans des corpus morcelés et lacunaires la trace d’un corps noir oppose sa densité diaphane au lait opaque d'un bain de jouvence. Une femme joue la christique fille de l'air devant un peintre qui se prend pour Dali. Prisonnière de sa baignoire une autre égérie n'a que ses jambes pour pleurer. Mais l'ensemble crée de superbes bains de jouvence.
Jean-Paul Gavard-Perret
11:23 Publié dans Humour, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
24/06/2017
Toutous pas snobs : Marty Goldstein
Marty Goldstein n’obéit pas forcément aux toutous mais il en exhausse le règne en des bronzes jouissifs. A la rudesse du monde, le Californien préfère l’attention aux vies de chiens. Il faut dire qu’ils sont moins bêtes qu’humains. Sans dire des uns ou des autres qui en sortira grandit.
Sous le climat de l’Ouest américain, l’artiste sculpte ses toutous stupéfiants, se met à leur remorque, leur élan afin de nous propulser sous le charme enjoué de leurs physiques dodus ou altiers, pansus ou efflanqués. De manière insidieuse et pleine de tact il pousse la débauche et la transgression. Chaque toutou vit à sa guise : mais leurs pulsions restent de bonne facture. Le toutou - contrairement à l’homme - n’est pas guidé par son sexe. On peut même dire qu’il n’en a cure. A l’inverse du Gai-Luron de Gotlieb et des loups-bars de Crumb, les bas ventres des larrons de Goldstein ne sont pas gonflés d’amalgames douteux. Chaque chien semble savoir que ça existe mais c’est toutou. La modération semble bien de son côté.
Jean-Paul Gavard-Perret
10:14 Publié dans Humour, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)