12/01/2019
Min Kim, Attentes
Min Kim, "Waiting", Andata e Ritorno, Genève, du 17 janvier au 8 février 2019.
L'artiste sud coréeene Min Kim ne cesse d'étonner. Dans ces oeuvres en cours elle trouve une puissance qu'on ne lui soupçonnait pas forcément. Il faut absolument se rendre chez "Andata e Ritorno" pour comprendre tout ce que l'œuvre engage autour de diverses formules d'ombres et de lumières. Ce travail crée un univers sidérant que même les imperfections soulignent à travers des cérémoniaux ambigus. Mais c'est peut-être dans ses images les plus simples et elliptiques que la créatrice donne toute sa force.
Peu de bémols donc à accorder à une oeuvre dont les déambulations s'enrichissent au fil du temps entre fragments et errances. Existe un refus astucieux de pathos : cela accorde à l'oeuvre son atmosphère étrange et inédite. Chaque image excède l'aspect, la surface apaisée qu'elle propose en tirant de l'absence la forme de se représenter.
Jean-Paul Gavard-Perret
11:31 Publié dans Femmes, Genève, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (2)
04/01/2019
Christian Floquet : synthèses des données du réel
Christian Floquet, "Travaux récents", Galerie Joy de Rouvre, Genève, exposition du 18 janvier au 2 mars
Existe dans l'oeuvre de Christian Floquet ce qui tient d'une ivresse et d'une contrainte. D'un radicalisme mais d'un certain laisser aller. Dans la droite ligne des abstracteurs suisses, il offre sa propre voie aux couleurs et mouvement ironiques, acidulés et délicats.
Plus que jamais libre il ose tout et propose ses tableux « glissés » propres à casser les topos sous l’égide de divers types de fléchages. Au-delà du réel entre jeu et mystère la réalité est prise à revers et la peinture au sérieux. Elle fait ce que les autres arts ne peuvent donner : la distinction des surfaces nomades agencées afin que détours et détournements fonctionnent à plein régime.
Ici les coléoptères abstraits ne ratent jamais leur envol. Ils suivent des directions qui évitent à l'art d'être « suicidaire », il est papillonnant plus que stèle - non sans confusion habilement ordonnée. Mais tout est parfait, bien brossé, l'élégance est de mise là où les traits parfaitement tirés donnent bonne mine à la peinture en sa quintessence abrasive.
Jean-Paul Gavard-Perret
09:26 Publié dans Genève, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
21/12/2018
Jules Spinatsch : lenteur et vitesse
Jules Spinatsch, "Semiautomatic Photography 2003-2020", Centre de la Photographie de Genève, du 12 décembre 2018 au 2 février 2018.
Chez Spinatsch la photographie est un contour fermé mais qui s'ouvre à la puissannce d'imaginer. L'"actualisation" que propose chaque prise est une interprétation de l'espace entre forme et intensité mêlées l'une à l'autre. Résumons : l'artiste suisse configure des intensités et intensifie des "figures". Et dans chaque image se crée le fond d'une autre.
Le cliché est une modalité pour donner présence à une absence qui se faufile partout : à l'endroit, à l'envers. Il met en contact divers modes de représentation par leurs bords. Tout circule dans des textures plus ou moins identiables et s'imageant autrement. L'image ne montre pas vraiment : elle sort d'elle et y retourne.
Spinatsch propose des modes possibles de sens dans une sorte de théêtre mouvant. L'image n'est plus substitut ou copie mais celle d'un sens à la fois comme absence et présence en des suites d'oscillations distinctives. Tout ne cesse par le proche et le lointain d'offrir une posture de l'incommunicable en différents types de renvois, diptyques, etc.. Si bien que, l'image donnée, il faut la réimaginer comme syncope et éclat de l'oscur arraché par une prise ou une levée. Bref plutôt que déposer, elle reconfigure.
Jean-Paul Gavard-Perret
10:49 Publié dans Genève, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)