08/09/2020
Roberto Donetta : marchand de graines et photographe
« La complicité : Roberto Donetta (1865-1932) », Fondation Van Gogh, jusqu'au 13 septembre 2020. Exposition en partenariat avec La Fondazione Achivio Donetta et la MASI musée d’art de la Suisse italienne. Une monographie est éditée par Limmat Verlag, Zurich.
La Fondation Vincent van Gogh présente « La complicité », en 120 photos, une exposition de l’artiste suisse Roberto Donetta (1865-1932) présenté pour la première fois en France sous l'aspect d’une présentation de ses œuvres avec celles de Natsuko Uchino, Rose Lowder et Cyprien Gaillard ainsi que des ex-voto provençaux, ponctuée par des interventions florales de Marie Varenne et la présence du tableau Square Saint-Pierre au coucher du soleil de Vincent van Gogh.
Le Tessinois Roberto Donetta (1865-1932) fait partie des grands marginaux de la photographie suisse. Il a laissé près 5000 plaques photographiques en verre découvertes par hasard bien après sa mort. Ses prisess illustrent la vie archaïque des habitants du Val Blenio, région à l'époque encore coupée du monde.
Roberto Donetta s’est fait le chroniqueur d’une époque marquée par de profonds changements. L'autodidacte est un véritable artiste. Virtuose, il crée des photos pleines d’humour. S'y découvrent enfants, familles, couples, artisans, bref tout un microcosme. Surgit la réalité d’une page de l’humanité d'un lieu et d'une époque. La toile de Vincent Van Gogh installée au milieu des œuvres de Roberto Donetta crée un lien et un transfert de la peinture représentative vers la création impressionniste portée en puissance de la représentation photographique de Roberto Donetta.
Jean-Paul Gavard-Perret
09:17 Publié dans Culture, France, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
02/09/2020
Les unes et les autres : Laurent Jenny
Les mots de Jenny - professeur à Genève - met le feu aux images mais pas pour les ensauvager. L'auteur montre ce qu'elles et ce que les mots ont en commun. Les seconds les parlent une fois qu'il a enfin entendu "parler" les premières. Il lui fallut du temps. Il y eut "Trop d’imaginaire, pas assez de vision, l’un toujours superposé à l’autre, l’oblitérant dans la contemplation des images." ajoute l'auteur trop occupé et trop longtemps " par un écran de mots."
Les mots prennent un lien naturel avec les images. Ils en deviennent l'écho, la résonnance tant ils sont liés à elles. La posture d'éloquence de l'auteur leur rend ainsi hommage preuve qu'il n'y a pas les mots et les images mais une discussion entre elles loin de toute polarisation. Nul lutte mais un débat qui fait sens des unes par les autres. Et vice versa.
Et si l'auteur s’ose à proposer ses propres photographies d’amateur dans les mêmes pages que des œuvres des maîtres, ce n'est pas par forfanteries mais pour prouver combien, au fil du temps, son regard a changé non seulement par les mots mais les images
Jean-Paul Gavard-Perret
Laurent Jenny, "Le Désir de voir", L'Atelier Contemporain, Strasbourg, 2020, 168 p..
09:03 Publié dans Culture, France, Genève, Images, Lettres | Lien permanent | Commentaires (0)
20/08/2020
Black Magic Flowers : Space Opera de Wladd Muta
La discrétion de Wladd Muta est inversement proportionnelle à l'ambition de ses oeuvres. Après avoir caressé "L'Œuf Noir du Plexus Solaire" (2012) il met en scène des éléments spatio-temporels équivalents à 17.000.000.000 de soleils. De tels corps célestes si denses que rien n'échappe à leur attraction ne peuvent même pas "théoriquement' être observés parce qu'ils avalent la lumière.
Ces trous noirs furent décrits par Einstein en 1919, mais la première photographie de leur caractère obscur fut réalisé il y a à peine plus d'un an. Wladd Muta les reprend et représente en gouache noire, aquarelle, résine gomme-laque et feuilles dorées sur papier Lokta, encadrées de métal noir mat. C'est une sorte d'hommageà leur forme et leur présence.
Chaque œuvre offre une forme d'anneau ou de "disque d'accrétion incandescent". Le papier népalais choisi, les feuilles dorées et la densité du noir présentent en ces oeuvres un lien entre ce qui n'a jamais été vu mais qui soudain semble familier. Le tout en un jeu d'équilibre où le plus immense des déséquilibres est induit. Peut s'y deviner un odre ou un chaos. En une telle fin l’on recommence jusqu’à l’épuisement par résurgence d'un début disloqué. Qu'importe si ne nous connaissons pas - de tels points noirs - le départ. L'artiste pousse le présent et fait face au passé en une interrogation où le futur se déploie pendant qu'il est encore temps, pour nous provisoires terrestres. Sommes nous détournés de nos envols par une telle sève noire ?
Jean-Paul Gavard-Perret
Wladd Muta, "Les offrandes à la ruche du ciel", galerie l'Antichambre, Chambéry. du 4 au 19 septembre 2020.
20:58 Publié dans Culture, France, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (1)