29/12/2020
Jacquie Barral : la diablesse est dans les détails
Grâce à Jacquie Barral les farces animalières d'Eric Chevillard et les pensées spéculatives de Pierre Bergougnioux se révèlent par le biais d’une ponctuation esthétique d'un ordre caché du monde que les mots n’ont pas réussi à épuiser. Repoussant l’ordonnancement classique des images, la plasticienne vestale chevauche bien des césures pour éluder ce qui reste empreint des mesures du logos


09:42 Publié dans Culture, Femmes, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
28/12/2020
Les arbres de vie de Yehudit Sasportas
Tenter de s'approcher de l'œuvre de Yehudit Sasportas revient à glisser dans les images faussement naïves et premières où remonte une histoire faite de failles mais aussi de présence obstinée. Une telle figuration fait deviner l'annonce d’un éden toujours possible : elle désigne et dessine néanmoins l'écart qui nous en sépare. L'arbre devient la sentinelle des songes ; il engage à la course folle du lièvre et de la tortue. Quelque chose nous dépasse à l'épreuve du temps.


Yehudit Sasportas, "Liquid Desert", Sommer Gallery, Tel-Aviv
10:00 Publié dans Culture, Femmes, Images, Résistance | Lien permanent | Commentaires (0)
26/12/2020
Laurence Boissier : grands et petits moments de solitude
Laurence Boissier, "Inventaire des lieux", art&fiction, coll. SushLarry, Lausanne, janvier 2021, CHF17.80, 168 p..
Laurence Boissier poursuit un travail de sape aussi insolent qu'en demi-teinte et toujours avec humour. Elle explore des situations qui, quoique des plus communes, ne sont pas forcément faciles à vivre.
Occuper une baignoire à deux, assumer un plein d’essence, entrer sur une piste de danse reste a priori donné à tout le monde mais cela n'empêche pas certains écarts de conduite dont nous pourrions aisément nous passer. Mais l'esprit ou le corps possède d'étranges lapsus gestuels qui nous échappent et sont sans doute aussi révélateurs que ceux sur lesquels Freud mit le doigt.
Il est inutile probablement d'en faire une choucroute, mais dans ces moments là, l'émotivité nous rend non seulement inconséquents mais parfois ridicules. Et nous sommes ravis de trouver en la Suissesse notre soeur en maladresses. Elle devient la doctoresse mais aussi la patiente de telles situations dont elle fait un tour en laissant remonter ses propres souvenirs d’enfance, d’adolescence et de maternité. Cadrant les situations d'actes presque manqués elle met à nu nos états d'impuissance au moment où nous avons rêvé soit de jouer les autruches soit de prendre la fuite.
Capitaine de navigation au long cours aux commandes d'un charriot de la Migros dont les roues semblent suivre des courants opposés, entre flegme et dérision, l'auteure propose des situations à double fond : les pistes de stations essences ou celles de danse , les couloirs des super-marchés comme des métros. Reste néanmoins, une fois que nous avons évité la chute de nos corps et de nos dignités, de reprendre le cours de notre apparente réussite. Quitte à la surjouer.
Jean-Paul Gavard-Perret
09:26 Publié dans Femmes, Humour, Lettres, Suisse, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)