20/04/2020
Tina Sturzenegger ouvreuse mesurée d'appétits
Par sa pratique, la photographe de Zug Tina Sturzenegger réaffirme son credo : il n’existe une manifestation de l'image que dans l’ouvert. Pour preuve la spécialiste des prises de natures mortes (bien vivantes) de nourritures diverses (elle est souvent appelée pour en faire la promotion) et des paysages réenchante le monde avec élégance et humour.
La perception du monde prend une profondeur - parfois ludique mais pas seulement - au sein des formes et des couleurs au service d'une impeccabilité visuelle. S'ouvre une expérience du plaisir où se mêle parfois loin des mises en scène allusives une poétique de la ville.
La civilisation occidentale prend un caractère particulier où la culture est évoquée par les saveurs de la table qui restent en interaction avec la nature. L'artiste ne culpabilise pas le consommateur mais, par un sens aiguisé de ses "remises", elle crée une empathie avec la ville, la nature et ses produits qu'il ne s'agit pas d'épuiser mais de retrouver. Preuve qu'une certaine forme de promotion n'empêche pas un regard parfois critique sur nos méthodes et nos "appétits" sensoriels là où les leçons de conduite restent implicites.
Jean-Paul Gavard-Perret
09:10 Publié dans Culture, Femmes, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
19/04/2020
Chloé Julien et l'homme assorti
Chloé Julien ressemble à Sharleen Spiteri lorsque celle ci était jeune avec son "Texas". Dans ces collages la placticienne se permet de nous donner un aperçu de l'homme ou l'amoureux idéal. Est-ce son "futur "? Ou un double ? En tous les cas les voyeuses et voyeurs en seront pour leurs frais. Les voici déboussolés car l'homme est en morceaux, il est épars, disjoint dans une déconstruction des plus fidèles...
Pour fonder un foyer ou juste une aventure pourrait-il faire l'affaire ? Et dans un ou l'autre cas il faut n'en retenir qu'une part (la meilleure si possible). A chacune de choisir là où l'image trépigne, se tortille.C'est comme si Chloé Julien faisait le ménage et aidait les hésitantes à choisir. C'est aussi une manière d'éloigner la médiocrité et de conserver des portions ésotériques (mais pas forcément) en un assortiment de choix. Il y a donc là du ciel et des fesses car il faut que le regard et le corps exultent. Mais rien d'obscène pour autant. Celle qui se veut chatte joue de l'allusion.
Existent des sortes de tableaux en colliers où des hommes gruyères (suisses) sortent de leurs trous. L'artiste en garde ce qui lui fait plaisir ou sourire. Ses découpages n’offrent pas un rituel de la ruine mais une manière de revisiter l'espace dans un imaginaire aérien. Le vide comme le plein sont corrigés sans les combler des habituels bourres et repères cartographiques. Toute une scénographie traverse le portrait. Il reconvertit l'espace selon des modèles masculins aux propositions puissantes mais pas forcément phalliques.
Jean-Paul Gavard-Perret.
(Voire le Site de l'artiste: http://www.chloejulien.com/)
22:00 Publié dans Femmes, France, Images, Résistance, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
18/04/2020
Yoram Roth chevalier blanc de l'Eros
Grâce - entre autres - sa propre galerie "Camera Work" le travail de Yoram Roth est connu dans le monde entier même si, contrairement à ce qu'on pense, la nudité est dans notre monde de plus en plus mal considérée. Disney Production vient de créer des ajouts à sa Sirène dont Tom Hanks tombe amoureux pour cacher plus nettement son séant... On croît rêver.
Quant à Yoram Roth, la façon dont il présente le nu dérive sur l’abstraction et des aspects éthérés qui n'ont rien d'obscènes. Il a été néanmoins désinvité de Photofair San Francisco l’année dernière et n'a même pas pu montrer son site Web à Dubaï. À San Francisco, son travail était perçu comme politiquement incorrect, dans l’émirat, il était considéré comme du pornographique.
Le photographe cherche et trouve l’inspiration dans le monde de l’histoire de l’art. Ses séries «Personal Disclosure», «Brutalism» et «Spatial Concepts» font référence au baroque espagnol, à l’architecture de Berlin Est, ou à des spatialistes italiens comme Fontana. Comme de telles références il accorde un caractère sacré au corps humain. Et par ailleurs il ne cesse de rappeler que la photographie n’est pas intimidante et c'est là le problème. Tout le monde peut se croire photographe et ne se rend pas compte qu’il faut plus qu’une combinaison intelligente de boutons pour réaliser une bonne photo. L’artiste doit avoir des compétences, un point de vue et surtout un regard. C'est le cas de Yoram Roth. C'est pourquoi ses projets intriguent fascinent ou dérangent.
Jean-Paul Gavard-Perret
09:43 Publié dans Culture, Femmes, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)