23/01/2015
Tripodes de Monique Duplain
Avec Monique Duplain la terre tremble comme en un vieux film italien. Tandis que dans le ventre de l’argile lors de la cuisson « le poisson tourne » elle ajoute du cirage pour lui cirer ses pompes. Les surfaces sont donc souvent irritées dans les céramiques. See crée à la fois étrangeté et proximité. La seconde tient à l’aspect pratique des créations. La première à « l’élévation » poétique que l’artiste leur accorde. A l’aide de pigment et d’éléments composites qui imprègnent la terre l’artiste ne cesse de se surprendre elle-même. Elle tente diverses expériences dont le résultat n’est visible qu’à la fin de la cuisson et de ses aléas toujours possibles.
Les pièces évoquent souvent d’étranges fusées ou vaisseaux à trois pieds. Phalliques et féminines à la fois elles permettent d’imaginer des coordonnées spatiales imprévues. Chaque objet devient sujet d’aimantation et de propulsion. Par ses moulages et ses cuissons la créatrice fait de ses œuvres des « animaux » étranges ou des « aîtres » auprès desquels il est bon de se réfugier. Le regard semble les pénétrer et n’offre plus seulement une contemplation de « façade ». Il peut découvrir une autre façon de voir et – qui sait ? – d’échapper à des pensées culs-de sac. D’autant que les créations dégagent une puissance érotique sourde et un retour à l’antique pour des hypothèses d’avenirs. Au cœur de l’hybridation des matières, les formes rondes mais ailées plongent au sein d’une communauté étrange. Surgit néanmoins une tranquillité apaisante. En ce sens issue de la terre et de ses minerais l’œuvre demeure toujours céleste en pesant de son poids de chair sur les arpents de vie.
Galerie Filambule, Lausanne jusqu'en février 2015.
15:24 Publié dans Femmes, Images, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)
20/01/2015
Lnor : les égéries et leur dramaturge
Lnor, « Sang froid », Les Ames d’Atala, 144 pages.
Portant la plus grande attention à des modèles Lnor conforte la feinte de monstration de la féminité dans une étrangeté fonder sur une certaine « trivialité » de la prise et du quotidien. Une radicalité intestine résonne là où le noir et blanc traverse (ou non) le textile léger où sont assemblés des vestiges de l’intimité entre ombre et lumière. Les « fées » de Lnor suggèrent un secret par déboîtement de sornettes. Le voyeur achoppe en un cirque de pétales. Que de lunaisons, que de nuits à attendre la légende sur la piste des souvenirs comme des phantasmes.
Les égéries ne seront sera pas pour autant croquées. Elles ont pour but de créer des instantanés de vie en tentant de les faire partager à travers des signaux souvent ironisés et jouant sur les notions d’érotisme et/ou de sainteté. Et si le voyeur ne dort jamais loin de l’intimité promise à son réveil il sera forcément « déçu ». Des gréements de fortune travestissent l’attente quant à son droit de « cuissage ». Et si Lnor laisse poindre çà et là une transparence elle ne permet plus de prendre l’entre-jambe pour une spéculation libidinale. Le creux n’implique pas le moindre incendie d’un pompier pyromane ou d’un hussard objectif. Ce que l’artiste fait germer n’a rien à voir avec un simple exercice mécanique de la chair.
Jean-Paul Gavard-Perret
17:21 Publié dans Femmes, Images | Lien permanent | Commentaires (0)
L’art tactile de Katia Schenker
Katia Schenker, Zementgarten, Espace d'art contemporain (les halles) Porrentruy, du 16 février au 3 avril 2015. en bas , mars 2015, chez Marie Christine Gailloud-Matthieu, rue du Valentin 61, 1004 Lausanne
Dans ses performances, Katja Schenker emploie fréquemment des matériaux floconneux et doux. Ils peuvent suggérer le féminin de l’être même si son actionnisme créateur garde une puissance « masculine ». Dans ses performances, le rythme de l'action reste néanmoins liturgique, lent, soutenu et les travaux sont méticuleux. L’artiste trie, déchire, tisse, enroule des textiles ou des éléments colorés. Ils rappellent les d'archétypes féminins mais sous divers types de tensions. Epousant les contraintes des lieux choisis la créatrice devient une médium qui déconstruit, reconstruit, incorpore. Le travail est à la fois conçu comme instinctif mais aussi murement réfléchi. Ce qui pourrait être compris comme primitif ou « archaïque » reste très élaboré ; « anticipé ».
Katia Schenker a par ailleurs compris combien est capitale la kinesthésie dans la construction des sensorialités des matières qu’elle choisit. « L’inconsistance » dans son flux incessant établit un contact immédiat avec les formes majeures et leurs floculations. Et à une époque où les distances symboliques se sont raccourcies et où il arrive dans le même temps, grâce au courrier électronique, de se retrouver en relation virtuelle avec plusieurs continents en quelques manipulations de « souris », les retrouvailles concrètes que propose l’artiste prenne toute leur force et leur sens. L’œuvre acquiert une plus-value en s’adressant aux sens qui s’en trouvent interpelés, redéfinis et renforcés.
Jean-Paul Gavard-Perret
09:47 Publié dans Femmes, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)