18/05/2020
Claire Guanella : sérénades matinales
Claire Guanella, galerie Hostetter, Fribourg, du 14 mai au 13 juin 2020.
La peinture de Claire Guanella ne vient ni de la main, ni de ses outils, ni même de la tête. Elle vient de l'intensité et de la rigueur préparative et muette d'un esprit qui ne savait rien de l'heure où elles seront mises à jour mais qui sont déjà en acte pendant le sommeil de la créatrice.
Existent en conséquence des sortes de sérénades, des chants à l'apparent et son mystère. Elles s'adressent au visible ou plutot à la visibilité qui résonne dans l'espace et s'y établit comme des "objets" concrets, tangibles.
L'artiste désarçonne par les incongruences sémantiques là où s'instruit un sens sans chercher à tout prix à construire quelquechose de linéaire. Vient le plaisir de la profération où les formes se succèdent et se renforcent les unes les autres, subordonnant à la syntaxe visuelle une puissance évocatoire en des translations, des opérations d'innocences selon une force qui appelle la protection du songe dans un regard de l'aube.
Jean-Paul Gavard-Perret
08:22 Publié dans Femmes, Images, Suisse, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)
14/05/2020
Amourante tendresse de l'abandon - Barbara Cardinale
Barbara Cardinale vit et travaille à Lausanne. Le livre d’artiste occupe une place prépondérante dans sa pratique artistique. Elle en publie régulièrement chez des éditeurs suisses et français. La plasticiene travaille en grande partie avec la technique du transfert qu’elle explore sur différents supports tels que le bois, le papier ou encore le cuivre et combine souvent cette technique avec des rehauts au crayon graphite ou à l’encre.
Se créent de la sorte des "capsules périphériques" pour reprendre le titre d'un de ses livres mais aussi des portraits humains et animaliers dont la substance déborde ce qu'elle est normalement et ce dans le périmètre précis que représente chaque silhouette. Et si le ventre déborde ce n'est jamais d'un pantalon mais d'une bouche plus ou moins et implicitement dévorante au milieu de tenailles de marines exotiques au dessus des genoux.
Des bustes s'aggripent à divers éléments comme aux ligaments de la langue plastique dont les muscles nourrissent ce qui écrase les vertèbres. Le déconfinement n'est pas de mise puisque tout se passe à l'intérieur d'un corps en mutinerie. Avec Barbara Cardinale il ne se contente jamais de reposer en paix mais se délecte d’étoiles, disséque le soleil dont il avale la clarté. Le tout dans la vague d’une silhouette : la créatrice la coud en cert-volant pour la transformer en danse ou rêverie.
Jean-Paul Gavard-Perret
Voir site art&tfiction, Lausanne.
08:41 Publié dans Femmes, Fiction, Images, Suisse, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)
09/05/2020
Les décalages de Danielle Burgart
Danielle Burgart invente des visions animales pour nous replacer plus près de nos racines premières. Surgit tout un bestiaire dont la créatrice surdimensionne certaines données afin d'offrir libre cours à une ivresse vitale, énergique, pulsionnelle. Un tel travail s'attache au corps, en devient le lieu tout en le déplaçant. Il est relié à un monde que nous ignorons : rien de plus urgent que d'en tenter l'anatomie. Existe de fait un jeu entre réel et ce virtuel en un détournement d'un état physique à travers l'imaginaire débridé de la créatrice.
L'artiste prouve que ce qui "va de soi" nous masque ce qui est. Il faut toujours aller plus profond et déplacer la présence humaine pour inciter au complet dépassement. Si bien que notre bestiaire intérieur métamorphosé ne nous dédouble pas - ce serait l'aliénation - mais nous rend plus plein. Nous sommes en mouvement dans un tel travail entre drôlerie, force et jouvence.
De la mare primitive germent des animaux qui nous ont devancés et dont l’énergie se déploie. D'où une ménagerie en liberté. Se touchent des pulsations, des césures. Par la présence de l'animal en nos corps la chair et les muscles sont faits parfois de violence mais aussi d'avancées afin que se créent des ouvertures, des débuts de transparence pour nous apercevoir que rien ne peut nous clôturer. La vie grouille, taillée dans le mouvement afin que nous puissions réfléchir à qui nous sommes au fond de nous-mêmes.
Jean-Paul Gavard-Perret
Danielle Burgart, "Exposition", Galerie Picot-Le Roy, Nuage Bleu,, Morgat en Presqu’île de Crozon, 26 juillet 2020 - 25 août 2020
09:10 Publié dans Femmes, France, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (1)