14/07/2021
Virginie Rebetez, exhumations



Jean-Paul Gavard-Perret
21:08 Publié dans Culture, Femmes, Images, Région | Lien permanent | Commentaires (0)
20/09/2014
Défense et illustration de l'architecture des Alpes
L’architecture alpine reste un cas particulier dans l’histoire de cet art. Sans cesse elle interroge - plus qu’ailleurs - la place et la fonction de la construction sur le paysage. Le dispositif scénique que l’architecture introduit dans la montagne est un moyen de mettre de l’ordre dans un monde où elle pouvait faire figure de désordre ovniesque. Mais si dans cet art (comme dans les autres) « l’ennemi, c’est l’intention » les architectes qui se sont frottés à la gageure des sommets ont su éliminer l’intention pour laisser sur les rochers des œuvres incontestables : de Marcel Breuer et Lois Welzenbacher, de Perriand, Regairaz et Taillefer. En parcourant les œuvres majeures réunies ici l’auteure casse une idée reçue. A savoir celle que l’architecture de montagne serait un objet de mascarade et de falsification de l'identité alpestre. A l’inverse dans ses éclats diffractés cette architecture a revitalisé le paysage et a même révélé son règne énigmatique. Les "occurrences" ouvertes envisagent plus qu’elles « dévisagent » le paysage.
De la réflexion à l’expérimentation le livre propose une trajectoire historique savante et simple, sinueuse et directe. L’auteure y « circule » de manière décidée et y affirme un sens du rapprochement et du dépassement. Elle combine - comme les architectes qu’elles évoquent - métaphores, expérimentations rigoureuses, respirations poétiques et parfois traditionnelles (ou presque). La Suisse, l’Autriche, la France et l’Italie sont le champ géographique de cette quête concertée et faussement vagabonde. Le chemin peut se perdre, se retourner sur lui-même et s’enfoncer dans l’épaisseur de tentatives audacieuses et qui parurent à l’origine des énigmes. Abondamment illustré le livre offre (à l’image de l’exposition itinérante qui l’accompagne) toute l’ampleur des investigations et un haut degré de décentrement de la pensée sur l’image fausse portée sur l’architecture de montagne et ceux qui l’ont créés. Surgit non un patchwork mais un acte de foi en acte. Celui d’architectes capables d’inventer des œuvres d’exception pour renchérir les féeries glacées. Il faut donc savoir contempler ces œuvres formellement accomplies d’où surgissent parfois des percées d'une vision néo-futuriste. Il faut aussi les comprendre comme un appel intense à une traversée des cimes. Elles offrent un profil particulier à la montagne et à sa pureté.
Jean-Paul Gavard-Perret
Suzanne Stacher, « Dreamland Alps », ensa-v, Versailles, Archiv fur baukunst, Innsbruck, Maison de l’architecture de Savoie, Chambéry, 2014.
08:57 Publié dans Développement durable, Images, Région, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
09/06/2014
Charles-François Duplain : empreintes, limites, temps
Apparemment simple et minimaliste (dans son genre) l’œuvre de Charles-François Duplain demande une attention particulière car le risque est grand de passer à côté. Les interventions poussent des portes non sur l'onirisme mais vers une vision quasi « lynchéeenne » des choses. Natif d’Undervelier l’artiste travaille à l’aide d’objets, d’installations, d’empreintes (à la craie par exemple) le concept d’autoportrait traité loin du simple reflet miroir. Celui-là trouve une autre dimension en intégrant le thème du temps, du territoire, de ses limite et des affinités intellectuelles. Au-delà de l’artiste lui-même il renvoie à chacun d’entre nous au sein d’une monumentalisation très particulière puisqu’elle s’appuie plus sur un lieu préexistant que par la création d’un objet plastique : « l’installation » - même si à proprement parler ce n’en est pas vraiment une - devient une critique de l’art et par delà des pouvoirs autant avec sagacité qu’humour radical.
En ses « autobiographies pariétales » Duplain retient de la peinture d’abord le mur. Il prend d’abord soin de le recouvrir d’une couche monocolore comme le ferait un artisan. Manière (déjà) de remettre en cause la représentation en prouvant que le travail de base de couverture initiale n’est pas assujetti à un apport qui en serait la plus-value. L’artiste ne cesse de marteler le temps de la manière la plus incisive possible et parfois par de simples tirets comme le font les prisonniers dans une cellule dont l’artiste réinvestit en une de ses « autobiographies » le lieu. Souvent le jeu de la répétition signale une perte mais en laissant le champ libre à tout ce qui pourrait advenir. Dans une perspective postmoderne l'artiste s’empare des éléments du réel pour les décaler à coups d’interventions, de recouvrements ou de biffures. Un lieu ou d’un objet (simple champignon de sécurité routière par exemple) est arraché à tout effet de décor afin de plonger en un univers à la fois ouvert et fermé qui traverse le temps chronologique. Et si la figuration fait loi, le réalisme est loin. C'est là le piège nécessaire choisi par l'artiste pour nous confronter ce qu'il en est de nous mêmes dans notre rapport au réel et notre propre image. L’autoportrait ne contient rien de narcissique ou de sublimé. Au regardeur de se débrouiller en considérant ce travail de tri et de sélection sans que l’artiste en donne une clé.
Jean-Paul Gavard-Perret
Des œuvres de l'artiste (en collaboration avec Philippe Queloz) seront visibles cet été à l'Abbatiale de Bellelay.
15:51 Publié dans Images, Région, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)