Sous le commissariat d'Amélie Pironneau auquel l'artiste lors de son exposition offrira une soirée une "lecture à nu" d'Amélie d'un texte de François Blistène, Aurélie Dubois s'empare de la scène en faisant une proposition plastique grand format. Chaque fois, durant une semaine les artistes en ce lieu créent un accrochage inédit. D'un mois à l'autre, les artistes se font relais : chaque nouvelle exposition ré-expose une œuvre de l'artiste précédant. Pour ce nouvel évènement, Aurélie Dubois est associée à une œuvre de Vincent Corpet.
Cette installation introduit le concept psychanalytique de l’Art chez Lacan en le concrétisant. Et le "S.K. Beau", concept d'Hervé Castanet hérité de Lacan pour évoquer la sublimation chez les artistes trouve là un processus d’élévation cosmétique et comique. Au pied de l'échelle Aurélie Dubois a inséré sur une nappe de pétrole rouge et au néon le mot "gens" tandis qu'au haut de l'échelle se découvre le mot "art". Ces "gens" (terme populiste s'il en est et qui fit la gloriole de Mélenchon et choisi pour telle par la créatrice) sont invités à gravir les échelons pour atteindre l’Art. Le tout en payant de leur sang ou celui de l'artiste ? Là reste toute l'ambiguïté de la question.
Aurélie Dubois dont l'art est essentiellement et fondamentalement autobiographique se définit ici plus que jamais comme "artiste de garde". Elle laisse toujours un champ d'interprétation autant à son "corps de garde" qu'à son armée des ombres qu'elle dirige à sa façon ne laissant à personne le droit d'empiéter sur sa personnalité et sa création qui ignore les tabous.
Jean-Paul Gavard-Perret
Aurélie Dubois, "Pétrole Rouge", Grand Angle -Rue Française, 3 rue Française Paris, 19-24 avril 2022.