27/10/2020
Barbara Puthomme : le zèle du désir
Pour Barbara Puthomme l'être humain est un drôle d'oiseau. D'où l'importance qu'elle accorde aux volatiles tout comme aux femmes ailées qui pour autant ne sont pas volages. Celle qui est aussi philosophe dialectise le monde en remplaçant le discours par la plume - ce qui est un moyen de plus d'entretenir une dualité presque confondante. S'y saisit ce qui ne peut se penser, ce qui ne se pense pas encore.
Issue du corps vivant, la matière plume, tendre, légère, colorée permet en des techniques mixtes où se mêlent le crayon et les paillettes - de créer énigmes et mystères en une sorte de perdre-voir où le dessin lui-même n'est qu'un élément de l'onirisme que la création met en jeu. Le mystère non seulement demeure : il s’approfondit. Il n’existe jamais de verdict.
Des archétypes renaissent sous la main de le sorcière chamanique. Peu importe la déroute des brises : tout un monde voyage mais ne dort pas au ciel. Ce qui est montré s'imagine, se rêve en un mixage non seulement des matières mais des temps. Dans le cadre du plan et sa réduction un élargissement a lieu lié à l’histoire des sociétés et l’impudeur des regards. La clôture de l'ombre appesantie semble se diluer d'un cri des oiseaux et d'oiselles. Sur leur corps le soleil glisse afin qu'ils ou elles se trouvent, fardé(e)s, dans la plus grande clarté : celle du secret.
Jean-Paul Gavard-Perret
Barbara Puthomme , "J’aurais voulu que la Cinquième Avenue se souvienne des pistes indiennes", Galerie LIGNE treize, Genève - Carouge, du 31 octobre aui 28 novembre 2020.
14:49 Publié dans Femmes, Genève, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
25/10/2020
Jo Fontaine : les épilogues inaliénables
Jo Fontaine, "Raisonnance... Résonance...", Marianne Brand, Genève Carouge, du 31 octobre au 20 novembres, et espace Borabora, Genève, du 31 octobre 2020 au 29 janvier 2021.
La pierre est par essence ce qui symbolise - face à l'humain provisoire - l'éternité. Pour preuve on en fait les stèles de nos sépulture en tant que trait d'union entre passé et présent et même dans l'espoir d'un futur. D'autant que cette matière possède non seulement un aspect terrestre mais cosmique : elle est faite par le jeu que l'univers a créé au sein de notre planète et témoigne d'une sphère interstellaire. Pour le signifier Jo Fontaine dans un minimalisme qui ne porte pas forcément ce nom invente des formes jusqu'au dépouillement : disques ou colonnes suppriment les imageries pour ramener à des repères majeurs dont la beauté s’articulent dans l’espace loin de tout ramollissement.
Par son incoercible liberté l’artiste crée une œuvre intelligente et forte tout en dissolvant l'intelligible dans une abstraction essentialiste. Peu de créateurs sont parvenus à atteindre ce qu’il réussit. Ses oeuvres, quelle qu'en soit la taille, donnent l’impression que tout est "dit" sous le sceau de la sobriété. L’œuvre tient d’elle-même par la force interne de son langage, comme la terre, sans être soutenue, se tient en l'air dans l’univers.
L’artiste crée une architecture dans l’architecture en divers types de mises en relief physiques et plastiques. Seules les dimensions des sculptures et leur polissage plus ou moins consommé constituent les contraintes d’installation - les dimensions des projections leur étant égales. Sous un minimalisme les aspects perceptuels, conceptuels et sémantiques restent clairement explicites. L’œuvre est donc conçue comme un système de signes préhensibles là où Jo Fontaine crée un pont entre deux mondes. Il crée dans le statisme une dynamique d'échanges et d'échos. Il tient le rôle non de douanier mais de passeur en maintenant un écart et une distance par rapport au réel comme à l'image.
Jean-Paul Gavard-Perret
10:47 Publié dans Genève, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (1)
24/10/2020
Pablo Atchugarry séracs, voiles et pointes
Pablo Atchugarry, "Lien entre deux monde", Xippas, Genève, du 31 octobre au 19 décembre 2020.
Pablo Atchugarry est un artiste uruguayen, surtout connu pour son art sculptural abstrait. Ses œuvres figurent dans de nombreuses collections majeures, privées et publiques, et il est exposé à travers le monde. Ses oeuvres toujours monocolores et en leurs plis qui rappellent l'art baroque classique consume les apparences en distribuant leurs pointes, pétales et pages.
Surgissent des rougeoiements et d'autres irisations des monochromes, parfois des laves neigeuses ou d'étranges séracs. Reste un champ flambant de mirage et de vie. Il répond de l'être, de sa part la plus secrète, la plus rebelle entre désarroi et espoir, pour la traversée des nocturnes et diriger de la terre vers le ciel.
Le geste créateur permet de comprendre, petit à petit, l'obscur comme la lumière de ce qui s'ignore encore. Tout s'enflamme ou se gèle en ne formant plus qu'une unité d'ombres et de lumières réunies par la sculpture. Le vivre de la matière en ce travail traduit l'état, l'âme, la présence, l'entendement, le monde. Il s’agit de manger l'air, de ressentir le besoin constant du temps qui attend l'étreinte d'un paradis perdu mais où le seul absolu est celui de l'art;
Jean-Paul Gavard-Perret.
10:12 Publié dans Culture, Genève, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (1)