07/03/2020
Dana Hoey, Guillaume De Sardes, Mimiko Türkkan : poches de résistance
Dana Hoey, Guillaume De Sardes, Mimiko Türkkan, "Grace and Power - La Puissance et la Grâce", Galerie Analix Forever, Rue du Gothard 10, Chêne-Bourg, du 13 mars au 8 mai 2020.
Barbara Polla expose trois photographes : Dana Hoey (USA), Guillaume de Sardes (France) et Mimiko Türkkan (Turquie) pour lesquel la puissance et la grâce des femmes passent par des chemins aussi naturels que possiblement alternatifs. Résumons d'emblée : le mythe du féminin est présenté de manière inédite.
Les "Elles" aux "je ne sais quoi" font preuvent de zèles de désir où se croisent l'éternel humain trop humain à l'"Unaccany energy" chère à Barbara Polla. Le déploiement du nu passe par des espaces imprévus du féminin et selon des formules actives voire activistes.
De telles oeuvres ne sont pas une leçon de choses mais plutôt un essai de choses intimes qui jouisent de la dé-mesure de l’approche des trois artistes. L’étreinte avec le corps devient de l’ordre d’une caresse, mais d'une caresse à distance. L’âme survient à l’instant où la chair possède la sensation de son existence ou plutôt de l’abime d'un corps aux prises à des formes de jubilation particulière propre plus à la nécessité qu'au hasard.
Jean-Paul Gavard-Perret
11:24 Publié dans Culture, Femmes, Genève, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
06/03/2020
Johan Tahon : minerves blanches et bayadères
Johan Tahon, "Refuge / Silence", Musée Ariana - Genève, du 27 septembre 2019 au 5 avril 2020.
Les oeuvres de Johan Tahon ne cherchent pas une beauté "muséale". L'artiste veut exprimer par ses céramiques et autres matières à exprimer la complexité de la condition humaine. Et si tout meurt d’être pensé, toute pensée chez le créateur se transforme en interrogation où tout est structuré mais aussi déstructuré. La forme vit d'être cherchée et n'avance pas par idée mais par ignorance.
Le monde redevient immédiat parce qu’il est indifférent. Et le rôle de l'artiste est de ralentir son passage pour en retirer sous des gangues le secret. Existe dans cette approche une forme de brutalisme là où le "fini" n'est pas ajusté : Johan Talon laisse des trous et des aspérités dans les surfaces. Les recouvrements de l'émail jouent autant d'un certain raffinement mais aussi d'un état brut.
L’exposition du Musée Ariana suggère une sorte de mystique universelle où jaillissent "moines et albarelli, anges et démons, mais également nos frères et sœurs de terre." L'artiste reprend des vieilles techniques (majolique italienne,faïence hispano-mauresque) pour jouer de l'ancien et du nouveau. Tout est puissant et expressif, profond et original dans ce jeu avec les oeuvres, techniques de la tradition que l'artiste reprend et revisite.
Jean-Paul Gavard-Perret
15:32 Publié dans Genève, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
05/03/2020
Aks Misyuta : "un murmure à l'oreille"
Aks Misyuta, "Constant Instant",Galerie Sébastien Bertrand, Genève du 21 février au 24 avril 2020.
Les femmes et plus généralement les biomorphismes de l'artiste d'origine russe Aks Misyuta possèdent un caractère charnel très imposant et c'est peu dire. Inspirés par les êtres qui l'entourent l'artiste crée néanmoins des formes d'autoportraits diffractés et très particuliers. L’apparence « gonflable » des corps est là pour souligner paradoxalement la nature très vulnérable des êtres : il suffirait d'une piqûre d'épingle pour que de tels corps disparaissent.
Ce sont comme des ballons de chair qui flottent ou volent dans leur propre monde. Les idées floues prennent des formes incompressibles du moins en apparence là où il s'agit de détruire une certaine idée de la "belle" peinture. Solitaire, l'artiste travaille entre l'illustration et la peinture soit à l'aide d'ordinateurs soit directement sur le support. Et souvent elle mixe les deux process dans des techniques sophitiquées où se joignent l'angoisse et le désir.
L'artiste aime toujours repartir de zéro pour dessiner, peindre (en bleu ou rose), graver là où tout est conçu à partir certes d'un travail consommé mais où tout repose sur un geste spontané et l'intuition (souvent avec une brosse propre humide et toujours sans croquis) mais aussi à partir d'une méditation sur la nature humaine. Le romantisme figural prend des formes épaisses. Elles montrent combien la femme reste prise dans une situation inconfortable en nos sociétés encore patriarcales. L'artiste se veut une rebelle tranquille. Elle ne cherche pas à prouver mais faire de chacune de ses oeuvres ce qu'elle nomme "un murmure à l’oreille"
Jean-Paul Gavard-Perret
08:06 Publié dans Femmes, Genève, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)