15/05/2018
Amigxx : les qui ? de Catherine Rebois et Fernando de la Rocque
Amigxx expose deux artistes aux langages différents mais qui se rejoignent sur la question de l'identité. Fernando de la Rocque et de Catherine Rebois y présentent chacun une nouvelle étape de leur quête. La seconde avec la série (bien nommée) "Entêtement" s'interroge plus particulièrement sur la métamorphose et le sens de la re-présentation là où tout se "coupe" dans l'espoir d'un retour à soi et d'une reprise en image comme il existe des reprises en mains en faisant abstraction du genre. Histoire de savoir qui nous habite mais tout en rappelant en incidence un cérémonial délétère d'épisodes où les femmes étaient rasées pour marquer un opprobre.
Fernando de la Rocque donne une autre version de la maison de l'être. Pour Amigxx il propose sa plus grande broderie jamais tissée ("Tree Life") et des dessins inédits sur papier coton. Son tapi devient un immense film muet qui marie tradition et modernité pour offrir une fête des sens. L'artiste latin reste épicurien dans ses délires où les femmes forment des bouquets. Catherine Rebois penche vers un autre absolu.
Mais ce jeu est parfait. Se crée ce que les Grecques nommaient des "sarkasmos" : des peaux relevées sur le corps de leurs ennemis pour façonner un manteau de victoire où la femme devient autant Gorgone, Méduse, qu'Athena. L'imaginaire de deux artistes le façonne de leur "couture", ils créent entre déconstruction et construction, charpie et élévation, des corps glorieux où ce qui se dresse est moins le masculin que le féminin. Ce dernier semble jaillir dans et au-delà du lieu, par le dévoilement de ce qui "normalement" ne peut pas apparaître.
Jean-Paul Gavard-Perret
Du 17 mai au 30 juin, Espace L, Genève.
15:10 Publié dans Culture, Femmes, Genève, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
09/05/2018
Urs Luthi : Effets d’éphèbe
Urs Lüthi, « Just another dance », Centre Culturel Suisse, Paris, 21 avril au 18 juillet 2019
Dans une vision conceptuelle Urs Lüthi met au présent ses « vieilles » images. Celles de l’époque où il était Apollon ou rock star. Mai l’artiste n’est pas un Mick Jagger sur lequel le temps n’a pas de prise. L’éphèbe s’est alourdi. Mais qu’importe car l’artiste à mieux à faire, dire et montrer : l’autoportrait devient une reproduction qui n’existe pas là où la légèreté est donnée afin que la profondeur ne manque pas.
L’image devient miroir du miroir au moment où Urs Lüthi ne revendique rien - même pas lui-même. Il ouvre à un état de rêverie par superposition d’images totales ou en multiples morceaux. Elles libèrent qui elles sont et ce qu'elles produisent. Et ce de manière pluridimensionnelle et selon un mixage de médiums. L’ex-voto jouxte le futurisme et le cirque.
Reste la question essentielle : que montre une image au moment où l’autoportrait ne délivre plus du « même » mais de l’art en rose, en blanc, en noir ? En petites statuettes ou en immenses images pixellisées s’affiche la mort annoncée du premier degré.. Si bien que l’image n’est ni une vitre, ni un miroir : elle n’ouvre ni ne ferme mais renouvelle les questions de la réflexion de la réflexion. Le CCS offre donc là une exposition aussi sobre que rare et prouve l’importance du lieu au moment où sa direction va tourner.
Jean-Paul Gavard-Perret
20:13 Publié dans Genève, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
06/05/2018
Aimée Hoving : maisons de l’être
Après des études à l’ECAL de Lausanne. Aimée Hoving a le plus souvent travaillé avec son compagnon Aboush Abrar dans la mise en scène d’individus, de groupes ou de communautés auxquels le public ne peut accéder qu’à travers la photographie.
Leur monde préféré est la mode, dont la créativité fascine. Ce domaine leur permet d’explorer une forme de photographie sans frontières : ils y disposent, pour créer des images avec la même liberté que les stylistes : d’où leurs créations parfois extravagantes, sensuelles et drôles.
Aimée Hoving poursuit en solo des photographies subtiles et drôles publiées dans le monde entier et visibles entre autres au Musée de l’Elysée à Lausanne. L’enrobage des vêtements ou des décors perd sa seule valeur utilitaire afin de créer un univers étrange qui rappelle - entre autres - celui d’Alice. Mais en d’autres pays des merveilles. Leurs assemblages intempestifs - eux-mêmes signes de la maison de l’être ou de l’envisager selon d’autres modalités - tentent de préserver l’intégrité des égéries ainsi scénarisées voire de l’artiste elle-même.
Jean-Paul Gavard-Perret
Aimée Hoving, « Pictures of her », Galerie Joy de Rouvre, Genève, à partir du 17 mai 2018.
15:41 Publié dans Femmes, Genève, Images, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)