28/05/2017
La Poésie Romande vue de France
« Poésie Suisse Romande », La traverse du Tigre, n° hors série des Carnets d’Eucharis, Roquebrune sur Argens, 112 p., 16 E., 2017.
Que cette déambulation - plus qu’anthologie - commence par un texte d’Olivier Beetschen est significatif. Comment en effet situer au plus haut niveau un florilège sinon par un poème qui ouvre le lyrisme à un autre poumon que celui des grandes orgues ? Le lecteur - à partir de cette évocation d’une légende enfantine - est convié et transporté vers des points d’horizon que la France a toujours du mal à situer comme si elle était victime, hors Paris, d’une agoraphobie. Pierre Voëlin, Marie-Laure Zoss, Claire Genoud (entre autres) montrent comment le poème devient chemin en un panorama singulier. Certaines écritures sont plus fractales que d’autres mais tout « sent » l’ouverture. Il convient donc de cesser de voir la Suisse comme un écrin : les poètes sortent du bord du Léman, dévalent des bras d’obscurité des grands sapins sous la lune.
Dans sa postface Angèle Paoli rappelle la nécessité du poème afin de retrouver au moins un « semblant d’équilibre » dans un monde qui en manque de plus en plus. Laurence Verrey déplace les paysages admis et porte sur ses lèvres un chant fragile. Ici et comme l’écrit Pierre-Alain Tâche, « le poète a repris le don », celui qui « répond au don d’autrui » sans pour autant que cette reprise soit un banal merci. Antoine Rodriguez ouvre encore plus profondément cette offrande : le corps y a sa place. Et Pierrine Poget le fait murmurer en « reculant sa caméra » afin que l’autre ait toute sa place.
Jean-Paul Gavard-Perret
(photos de Pierrine Poget et Olvier Beetschen)
18:38 Publié dans Genève, Lettres, Suisse, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)
La Poésie Romande vue de France
« Poésie Suisse Romande », La traverse du Tigre, n° hors série des Carnets d’Eucharis, Roquebrune sur Argens, 112 p., 16 E., 2017.
Que cette déambulation - plus qu’anthologie - commence par un texte d’Olivier Beetschen est significatif. Comment en effet situer au plus haut niveau un florilège sinon par un poème qui ouvre le lyrisme à un autre poumon que celui des grandes orgues ? Le lecteur - à partir de cette évocation d’une légende enfantine - est convié et transporté vers des points d’horizon que la France a toujours du mal à situer comme si elle était victime, hors Paris, d’une agoraphobie. Pierre Voëlin, Marie-Laure Zoss, Claire Genoux (entre autres) montrent comment le poème devient chemin en un panorama singulier. Certaines écritures sont plus fractales que d’autres mais tout « sent » l’ouverture. Il convient donc de cesser de voir la Suisse comme un écrin : les poètes sortent du bord du Léman, dévalent des bras d’obscurité des grands sapins sous la lune.
Dans sa postface Angèle Paoli rappelle la nécessité du poème afin de retrouver au moins un « semblant d’équilibre » dans un monde qui en manque de plus en plus. Laurence Verrey déplace les paysages admis et porte sur ses lèvres un chant fragile. Ici et comme l’écrit Pierre-Alain Tâche, « le poète a repris le don », celui qui « répond au don d’autrui » sans pour autant que cette reprise soit un banal merci. Antoine Rodriguez ouvre encore plus profondément cette offrande : le corps y a sa place. Et Pierrine Poget le fait murmurer en « reculant sa caméra » afin que l’autre ait toute sa place.
Jean-Paul Gavard-Perret
(photos de Pierrine Poget et Olvier Beetschen)
18:36 Publié dans Genève, Lettres, Suisse, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)
16/05/2017
Vasilis Zografos : la peinture et le silence
Vasilis Zografos, Phryctoria, Espace L, Genève, 18 mai au 24 juin, 2017
Dans l’œuvre de Vasilis Zografos c'est tout un paysage physique aussi bien que mental qui s'élève. Empreintes des genèses arides, lisières au tain usé, étranges érections nuageuses atteignent la nuit en haussant le ton mais sans rien agiter. Tout tient droit - ou presque mais en répondant aux sollicitations du vide
La peinture devient un sablier géant et retourné sur la précarité des êtres et des choses. Vasilis Zografos suggère la lenteur d'un temps étiré et règle ses images sur la lumière rétrécie. Avec le but secret d’aborder - un jour - le monde à venir avec l'émoi d'un enfant réconcilié.
Dans l’œuvre, les remparts s'affirment dérisoires. Des trouées sourdes sapent l'apparence. Désert que désert pour l'équilibre de part et d'autre d'un oubli tranché ou d’une légende traversière. La peinture veut offrir de belles échappées mais que peut-elle sinon induire des interrogations muettes face au temps qui fait main basse sur les territoires humains ?
Jean-Paul Gavard-Perret
15:11 Publié dans Genève, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)