29/12/2015
Les travelos d’Hercule : Zorka Project
Monika Redzisz et Monika Berezecka forment le Zorka Project. Leurs photos créent souvent à travers le portrait des ponts entre les genres ou entre les générations. Mère, fille, grand-mère deviennent les sujets de narrations. Ils demeurent néanmoins énigmatiques même si l’état de semi nudité des modèles parlent de l’évolution des corps quel qu’en soit sa nature masculine, féminine, trans ou queer.
Les deux artistes ne se réfèrent jamais seulement à un motif du passé. Les « accouplements » (maternels le plus souvent) créent une annexion performative. Il semble vouloir donner un qualificatif au « tel(le) que je me connais », même si les sujets ne se le posent pas forcément. La traversée du temps par les rapprochements familiaux ou de communauté présente des reprises formelles d’une image personnelle et collective. L’originale - par celle qui la suit ou l’annonce - souligne la transformation physique et ouvre à une sorte d’abîme par comparaison L’œuvre questionne aussi, par sa reconstitution, les rapports générationnels et ceux des photographes avec leurs modèles.
Jean-Paul Gavard-Perret
07:45 Publié dans Femmes, Images | Lien permanent | Commentaires (0)
27/12/2015
Frédérique Pottier : Mademoiselle sans le blues
Frédérique Pottier est une photographe discrète. Adepte des jeux entre le vrai et le faux, elle invente des mises en scène de la nudité et de l’intime. Il s’agit d’atteindre des lieux où le monde se
transforme en fiction et la fiction en réalité afin d’empêcher le grande jour de tomber sur la perception et sur les représentations de la psyché féminine rendue à elle-même. De telles propositions répondent au désir de rester dans la nuit à jouer sous la lune au théâtre des ombres.
Ce travail permet de combattre le faux ou tout au moins d’aider à faire un certain tri au sein d'une certaine solitude au moyen de l’ombre de présences allusives hors champ. Les
images telles que les propose Frédérique Pottier sont le contraires de ce que Lacan nomma des « re-pères mélancoliques» garantes de la répétition de la loi d’une interprétation à l’identique. A l’inverse, ici, dans ces miroirs plus qu’étranges, photographe et modèles ne cherchent pas à donner un réconfort aux croyances. Elles sont tordues afin que nos représentations gagnent en souplesse par le génie du lieu que propose Frédérique Pottier.
Jean-Paul Gavard-Perret
Site de l’artiste : http://www.mesdemoiselles.book.fr/
09:36 Publié dans Femmes, France, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (1)
26/12/2015
Avec le temps : Cristina Garcia Rodero
Christina Garcia Rodero, Maison européene de la photographie, Lausanne.
Avec Cristina Garcia Rodero nous sommes ramenés à un espace de la déposition s’agissant du corps en tant qu’objet de perte et de résurrection. Le secret vient une fois de plus affirmer son autorité car il est au bord du corps. Mais de quel corps s’agit-il De qui est ce corps ? Les questions sont dangereuses puisqu’il s’agit de celles de l’identité, d’Eros et de Thanatos. Pareille au jeune Igitur de Mallarmé descendant “ le caveau des siens ” l’artiste introduit dans le temps où le “ moi pur ” veut se confondre avec celui des autres. Il est exposé par la photographie à la réminiscence du vide sépulcral mais aussi au désir.
De telles œuvres réveillent le regardeur : il se demande si le tombeau où l’artiste veut l’allonger est le bon. Face aux processions, cohortes ou gisants il est sidéré. La question de l’être reste celle du mystère. A partir de là le voyeur croit voir le jour. Il perçoit un corps non fantasmé mais peut-être malgré tout celui qu’il fantasme obscurément. L’espace reste sombre en sa clarté. Les ombres passent, disparaissent, reviennent. L’être comme un animal cherche une cachette au moment où Cristina Garcia Rodero réinvente le secret, le tombeau, la solitude. Le voyeur ne peut plus sortir de telles crevasses.
Jean-Paul Gavard-Perret
11:10 Publié dans Femmes, Images, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)