20/05/2017
Michaële-Andréa Schatt : carapaces-ciel et dessous-terre
Pour sa nouvelle installation, Michaële-Andréa Schatt, présente un autre aspect de sa création : des céramiques noires et blanches (coiffes, oiseaux et fragments de corps). La pleine pesanteur de la terre cuite crée l’épaisseur vivante et ludique de ressauts où s’affrontent la métaphysique de l’envol et la physique des corps.
Aux flancs blancs des œuvres s’ajoutent des plaies noirs. Pour autant l’artiste joue avec les situations qu’elle scénarise avec ça et là des taches ironiques de rouge sang. Livrée aux pigments et à la terre chaque pièce devient une carapace-ciel et un dessous-terre. L’énergie de chaque œuvre garde la tension du feu souterrain et la mémoire de l’enfermement. Tout se tient et se retient dans les courbes et leurs noyaux de lumière où brûle encore le désir de noces qui débordent de chaque œuvre : l’âme et le corps y vont et viennent avec humour.
Jean-Paul Gavard-Perret
Michaële-Andréa Schatt, « Masques et mascarades », Galerie Isabelle Gounod, Paris, du 20 mai au 17 juin 2017
20:40 Publié dans Femmes, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (1)
19/05/2017
Catherine Boss brouille les cartes
A travers son travail Catherine Boss pose la question de ce que la peinture montre et dans quel véritable « spectacle » sa vision s’inclut. De telles prises fascinent par leur mélancolie impalpable, leur solitude extensive et lumineuse. Entre des arpents de lumière et des nimbes de couleurs pâles où le noir et le blanc gardent un rôle important là où la segmentation abstraction/figuration n’a plus de prise.
Chaque œuvre reste béante et fermée. L'inclinaison du temps y demeure imperceptible. Une simple courbe et l’ombre qui la souligne disent combien la créatrice ne se permet pas la moindre digression, le moindre geste fantôme. Créer revient à identifier quelque chose de subtil qu’il ne convient pas de détruire mais d’isoler, de retenir.
L’ombre se distingue du référent par ce que Catherine Boss fait apparemment « perdre voir». Néanmoins par cet effet surgit une ostentation subtile, elle participe à la présence d’une sensualité latente. Certes le corps n’est plus directement présent : il a perdu : sa couleur, son épaisseur, sa tactilité. Pour autant Catherine Boss inclut paradoxalement un plus d’éros. Dans les effets d’ombre surgit ce que l’image en sa lumière ne pourrait montrer.
Jean-Paul Gavard-Perret
20:47 Publié dans Femmes, Images, Suisse, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)
12/05/2017
Céline Michel en Petit Chaperon Gris
Céline Michel, « Sortir du bois », Chamboule Galerie, du 18 mai au 18 juin 2017, Vevey
Céline Michel cherche toujours à pousser plus loin les questions fondamentales de la figuration de l’image photographique. Ici, le « décor » devient sujet : il n’ a rien d’ornemental. Surgissent des histoires ou leurs possibilité comme le titre l’indique et qu’il faut prendre au sens figuré. La forêt reste le seul horizon, l’artiste se modèle à ce modèle mais sans soumission. Le réel devient la pierre d’achoppement du conte, là où tout devient d’une troublante et implicite sensualité. Il se peut que les Petits Chaperon Rouges y rêvent du loup…
Dans ce but - et en naïve et subtile perverse Céline Michel se réapproprie l’espace afin de suggérer une vérité qui n'est pas d'apparence mais d'incorporation. Elle a compris comment la forêt dans ses ombres proposent des ouvertures à l’imaginaire - et ce depuis l’enfance. Le bois trouve une "visagéité" (Beckett) quasi psychologique dans la mesure où il permet la fermentation de rêves implicites. Céline Michel joue ainsi avec le leurre des apparences afin de plonger vers l'opacité révélée d’un règne mystérieux.
Jean-Paul Gavard-Perret
10:28 Publié dans Femmes, Images, Suisse, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)