04/08/2018
Angelika Chaplain dans la chaleur de l’été
Angelika Chaplain est la photographe des canicules. Quel que soit le pays la chaleur est épuisante. Néanmoins les femmes la traversent non sans un certain plaisir. L’imagerie se veut parfaitement ludique là où tout semble concocter dans la chaleur de chaudrons à sorcières.
De telles images ne sont pas de celles que les communiants pouvaient mettre jadis dans leur livre de messe néanmoins leurs « fruits » ne sont pas interdits. D’autant que l’humour demeure toujours ou presque présent. Les personnages sont moins en appétits libidinaux que de passage.
Les caprices du temps et leurs hautes températures semblent baliser l’espace. Femmes et enfants s’y soumettent de manière intempestive sans que l’air qui se solidifie autour d’elles comme du béton. Pour échapper à la chaleur il semble propice de sortir les épuisettes et allez pêcher la crevette. En attendant les images font leur chemin. Tout cela s'articule sur des jets d’eau ou le brumisateur que propage un mât de cirque improbable.
Jean-Paul Gavard-Perret
07:29 Publié dans Culture, Femmes, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
28/07/2018
Apollonia Saintclair : l’autre érotisme
Il est de bon ton d’affirmer que l’art est la sublimation des pulsions sexuelles. Mais celles-ci et à travers lui sont souvent « .socialisées ». Apollonia Saintclair refuse ce filtrage et donne accès direct aux fantasmes. C’est sans doute pourquoi elle a choisi l’art populaire qu’est le graphisme de la bande dessinée.
Certes dans cet art il existe un mouvement mainstream et commercial. Mais demeure aussi une mouvance diamétralement opposé que la créatrice a choisi pour l’éclosion décalée de la « chose » érotique qui se libère ici de l’empire du regard masculin et de la « façon » de montrer que mâle caresse. L’artiste impose un tempo uniforme au sein de scènes qui ne sont que suggérées.
Pour Apollonia Saintclair dessiner revient à montrer ce qui reste dissimulé mais tout en révélant de nouvelles ambiguïtés au sein d’un univers héritier de de Vinci et de Dürer comme de Manara et Moebius. Mais ici le « flux » est résolument féminin. L’intime et la corporation prennent des tours particuliers. L’artiste inscrit dans la B.D. et dans l’art en général une discontinuité là où le corps féminin résiste dans la sourde mélopée par la rythmique de l'Imaginaire.
Jean-Paul Gavard-Perret
http://apolloniasaintclair.tumblr.com/
10:45 Publié dans Culture, Femmes, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
Yvette Kapsala : la belle étrangère
Avec « Katrina », Yvette Kapsala crée un récit d’une belle étrangère sous forme de reportage. En cette série le voyeur est contraint à un effort de réflexion à travers ce qui est montré et caché dans la texture des photographies qui mêle en des effacements ou des dédoublements incertitude et fascination.
Yvette Kapsala n’a pas à penser à l’amour : elle n’a d’yeux que pour la déesse étrangère. Photographier c’est amener à la surface non sa pensée mais son impatience, sa persévérance, son désir qui n’est pas uniquement celui de rêver. Parfois la créatrice s’approche de son modèle, parfois elle la suit de loin. Non en « mateuse » mais pour ne pas la déranger.
Ses images deviennent le savoir du désir. L’un passe par l’autre. Un jeu parfois anxieux mène au désespoir comme à l’espoir dans une « ardore » discrète. L’artiste semble veiller sur son modèle. L’étrangère ramène ainsi à l’étrangeté de l’existence au sein d’un « entretien » qui ne peut se dérouler qu’à deux. La photographie forcément muette fait du silence un aveu.
Jean-Paul Gavard-Perret
10:06 Publié dans Femmes, Images, Suisse, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)