28/12/2020
Les arbres de vie de Yehudit Sasportas
Tenter de s'approcher de l'œuvre de Yehudit Sasportas revient à glisser dans les images faussement naïves et premières où remonte une histoire faite de failles mais aussi de présence obstinée. Une telle figuration fait deviner l'annonce d’un éden toujours possible : elle désigne et dessine néanmoins l'écart qui nous en sépare. L'arbre devient la sentinelle des songes ; il engage à la course folle du lièvre et de la tortue. Quelque chose nous dépasse à l'épreuve du temps.


Yehudit Sasportas, "Liquid Desert", Sommer Gallery, Tel-Aviv
10:00 Publié dans Culture, Femmes, Images, Résistance | Lien permanent | Commentaires (0)
27/12/2020
Jean de Breyne : les cris de l'écrit
Dans ces photographies de graffiti un grand défoulement fonctionne parfois même vers des excès linguistiques mélodramatiques dont une certaine anthropophagie fait partie. Les éléments phrastiques grouillent et s'inversent : il suffit de prendre une poule et de dévisser une ampoule pour remplacer la seconde par la première et c'est ainsi que les graffiteurs font leur show moins ludique qu'il n'y paraît.

Jean de Breyne, "Phrases de la rue", Photographies, préface de Michèle Aquien, L'Ollave, 128 p., 2020.
14:37 Publié dans Culture, Jeux de mots, Lettres | Lien permanent | Commentaires (0)
25/12/2020
Thomas Vinau : le cave se rebiffe
Thomas Vinau nous laisse glisser dans une douce jouissance farcesque là où pourtant la dimension de catastrophe est loin d'être ectoplasmique. Le sombre héros du livre n'a rien de dionysiaque et c'est peut dire. Il vit ce qu'il estime ses derniers temps selon des spéculations hasardeuses mais tout autant possible depuis l'abîme de sa cave et de ses souvenirs.
Néanmoins Thomas Vinau ne cherche pas à instiller chez le lecteur la peur que son sombre héros éprouve. Il préfère s'amuser, étonner, troubler et faire rire dans cette parodie qui mêle l'apocalypse pour demain (au plus tard) et la difficulté de se réchauffer "les arpions".
N'est-ce pas, en se préoccupant d'eux - qu'ils aient les ongles incarnés ou non -, le moyen de déminer une situation paroxysmique et faire qu'en une fiesta loufoque se pratiquent des gestes barrières aussi vains qu'inutiles ? Thomas Vinau en ses spéculations romanesques propose donc les aventures autour d'une cave-chambre dignes d'un Xavier de Maistre - en plus fantaisiste : ici le cave se rebiffe. Enfin presque.
Jean-Paul Gavard-Perret
Thomas Vinau, "Fin de saison", Gallimard, Paris, 2020, 192 pages, 16 €.
13:07 Publié dans Culture, Humour, Lettres | Lien permanent | Commentaires (0)