17/12/2020
Matière et mémoire - Raphael Hefti
Raphael Hefti, "Salutary Failures", Kunsthale Bâle du 9 octobre 2020 au 3 janvier 2021.
L’exposition de la Kunsthalle Bâle permet de redécouvrir les imposantes compositions de matériaux moulés et parfois surgis d'accidents industriels. Nécessitant 27 tonnes de sable, des plaques de bismuth de 600 kilos, poutres en acier inoxydable exposées à des températures extrêmes durant plus de huit ans, toutes ces créations font paradoxalement état d'une grande légèreté.
Une nouvelle fois Raphael Hefti procède à un travail expérimental sans perdre le souci de la poétique de la rêverie par la beauté étrange que recèlent ses pièces et ses installations. Les oeuvres massives et les hautes tensions que l'artiste y induit répondent aux conventions de la peinture et de la sculpture en célébrant le potentiel de la volatilité matérielle et même des échecs de fabrication dont demeurent non des restes mais des présences fantomatiques prégnantes.
Ingénieur de formation, Raphael Hefti est passionné par la propriété des matériaux et les processus industriels. Il développe depuis plusieurs années un travail avec des scientifiques et techniciens. Les oeuvres présentées ici ont subi différents traitements - notamment thermique - qui débouchent sur une transformation esthétique. Elle révèle la beauté insoupçonnée de ces métaux et de processus là où l’aléatoire, la technique et l’imaginaire sont liés afin de créer des installations ouvertes sur de nouvelles fragrances plastiques.
Jean-Paul Gavard-Perret
08:16 Publié dans Culture, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
15/12/2020
Chris von Wangenheim : Répulsion et vertige
Pour la création de son esthétique, Chris von Wangenheim noue glamour extrême et de violence en jouant sur deux tendances : le «Film Noir» au cinéma et le «Sublime» dans l’Art. Les femmes y sont fatales, classieuses. Mais existent l'opposition et le décalage entre l’élégance et la décadence de la société privilégiée sous forme d'un sado-masochisme implicite.
Le photographe scénarise, à l'aide de ses images de violence animale ou autres, des peurs et des désirs les plus profonds de la société. Ses prises provoquent toujours un choc entre songe et réalité dans un mixage de crainte et de vénération. Et la photographie de mode - médium apparemment lisse - est soudain comme vérolée par des questions de la violence, de la sexualité et du voyeurisme,
Répulsion et vertige du plaisir sont créés par des photographies de haute couture qui traduisent de manière symbolique l'atmosphère des années 70 et 80 jusqu'à la mort tragique du photographe. Il a toujours su casser l'élan du désir par la présence de la violence. Elle reste pour lui le destin des êtres et de la société.
Jean-Paul Gavard-Perrett
Chris von Wangenheim "Glamour and Danger", The Select Gallery, New-York décembre 2020
10:10 Publié dans Culture, Images, Monde | Lien permanent | Commentaires (0)
14/12/2020
La peinture autonome de Fabian Treiber
Fabian Treiber, "Painting the Night Unreal", Galerie Mark Müller, Zurich, jusqu'au 19, 2020.
Ni véritablement réalistes, ni complètement abstraites, les oeuvres de Fabien Treiber constituent à elles seules un genre particulier. Le plasticien utilise souvent diverses matières pour créer des compositions dynamiques. Intéressé par les relation entre l'artiste et le médium, le premier veut que son expérimentation des matériaux reste au fondement de sa pratique.
La peinture devient en conséquence à multifacettes. Les surfaces des toiles apparaissent comme possédant une diversité de textures à travers des assemblages qui rappellent ceux de Robert Rauschenberg. Il s'agit pour Treiber de "trouver des images plus que de les créer'" écrit-il et ce afin de tester une nouvelle manière de faire art.
D'abord dessinateur, le "testeur" est de plus en plus peintre à part entière tout en utilsant aussi des formes d'installations. Il utilise autant l'acrylique, l'encre que des résines synthétiques pour atteindre les textures et les tonalités qui fomentent un impact sur le regardeur en ce qui pour lui représente la "pure peinture" (comparable à la "poésie pure" de l'abbé Brémond) capable de créer ce qu'il nomme des "dérangements positifs".
La narration picturale prend un nouveau sens dans le dialogue que l'artiste entretien avec la peinture. Le premier, par la seconde, exprime quelque chose directement tout en créant physiquement des affects que chaque tableau impose par des formes qui se désirent autonomes.
Jean-Paul Gavard-Perret
18:33 Publié dans Culture, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)