Après s'être intéressée à l’apparente banalité de l’intimité d'appartements vides où ne restaient que des traces de coercition et de solitude, Silvana Reggiardo sort de tels lieux clos et se dirige vers l’espace urbain. Elle s’attarde sur les empreintes fugitives de la lumière sur les surfaces brillantes. La photographe n’est plus une chasseuse d’icônes, une chercheuse de trophées imaginaires mais une "dépeupleuse".
Elle trame d’autres voies. A notre propre chaos livré à l’énigme d’images célibataires elle propose une redistribution de leurs « cartes » et de leur « peau ». S'inscrit le presque rien qui suggère sans doute un hors-champ mais il reste énigmatique. Demeurent des espaces donnés non comme volume mais surface plate. Dans des constellations structurelles les lignes droites ne la font plus bouger.
Cette démarche novatrice est animée par l’idée que les formulations visuelles de jeux logiques du langage plastique ouvrent les questions fondamentales de l’écart entre savoir et voir. Silvana Reggiardo pose un regard doux sur de tels espaces en observatrice minutieuse par des prises dont les lignes hypnotiques à la clarté du jour créent l’amour des béances par effet de variations de divers types de fermetures ou d'interstices. Rien n'a lieu que le lieu. Et son vide.
Jean-Paul Gavard-Perret
Mélissa Boucher, Silvana Reggiardo, Laure Vasconi : "Sortie d’Atelier", Regard Sud Galerie, 1/3 rue des Pierres Plantées, Lyon, du 20 février au 27 mars 2021
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