Peter Wüthrich, "Le cycle Les Fleurs du Mal", Galerie Gisèle Liner, Bâle, du 23janvier au 6 mars2021.
L’oeuvre de Baudelaire a toujours aussi inspiré les artistes comme lui-même fut inspiré par eux : cf. son "Art romantique" recueil de ses articles sur les peintres. Ceux-ci, par la suite, illustrèrent l'oeuvre de Baudelaire comme le souligne l'artiste suisse, et très vite, "le lubrique et misogyne" Félicien Rops avec sa page de couverture pour "Les Epaves".
Mais pour Wüthrich, "Les Fleurs du Mal“ possèdent une place à part. Et l'auteur "monte" l'oeuvre sinon sous forme de calligrammes du moins sur les petits bouts de papier où le texte n‘est lisible que par fragments. Qui y regarde de près peut lire des mots, de petits passages de poèmes, mais jamais le tout. C’est la figuration, l’image qui reste première afin de créer une sorte de "briques de textes". Elles construisent une atmosphère baudelairienne dans de telles associations libres sans recourir à des poèmes spécifiquement identifiables.
Existe là une reconquête. Les poèmes émergent de leur chrysalide comme du plus profond des songes insoumis, où le regard funestement splendide du poète est perturbé à dessein par la science ambiguë de l'artiste qui n'est cependant en rien le faux ami du poète : il semble s'en éloigner mais pour mieux s'en rapprocher.
Jean-Paul Gavard-Perret
Les commentaires sont fermés.