30/06/2020
Chorégraphies plastiques et poétiques de Silvère Jarrosson

Après un séjour à la Villa Médicis, ainsi qu'à la Collection Lambert en Avignon, l'artiste expose 30 nouvelles oeuvres. Ayant dû renoncer à la danse il trouve un autre moyen de s’exprimer par le corps mais à travers d'autres mouvements. Suite à une master de biologie au Muséum d’histoire naturelle de Paris, Silvère Jarrosson situe délibérément son oeuvre à la croisée de différentes disciplines artistiques, scientifiques, spirituelles et sensorielles.
Le travail sériel permet de développer tout un système de formes convulsives. Certaines imposent des strates où le cosmique rencontre le tellurique dans des ondoiements qui forment des cortèges de figures en mouvement. Ils tiennent d'une sorte de mentalisation avant que le geste ne s'emballe là où la spontanéité connaît en prélude un temps de maturation.
L'expérimentation picturale crée la voie de rythmes. Elle semble jouxter le chaos mais tout autant épouser le cosmique protéiforme. Ce qui pourrait sembler à certains confus et inerte reste le contraire : le dynamisme et l'ordre se dégagent de la rationnalité admise. On peut imaginer des mouvements telluriques, des allongements de couches, des suintements de matières en divers accords et désaccords. De la carcasse du réel il ne reste rien sinon une longue montée aux enfers, une descente au centre de la terre ou la plongée dans un univers qui nous dépasse. La danse ne fait que continuer.
Jean-Paul Gavard-Perret
Silvère Jarrosson, "Genèses et gestes", Exposition, Vanities Gallery, Paris, juillet 2020). Livre, titre éponyme, Préface de Yoyo Maeght, Edition Marcel, 2020.
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29/06/2020
Dorian Sari : le montré et le caché

Dorian Sari né à Izmir en 1989, vit et travaille à Bâle. Il transforme une mythologie personnelle et collective dans des scènes fictives, théâtrales et des narrations fondées sur une interprétation psychanalytique et symbolique de la condition humaine. Sculptures, vidéos et performances utilisent des pratiques proches du rituel pour montrer les corps exposés, soumis ou rétifs aux coercitions. Usant d’un langage poétique, l'artiste dessine le lien entre un conscient et un subconscient collectif.
Pour Sari les objets sont conducteurs : "ils deviennent ou contiennent nos peurs". Et l’exposition présente différents types de compressions et encerclements afin que violence, chaos, colère s'esquissent de manière poétique. Et pour l'artiste Bruce Nauman est un modèle. Comme chez lui les pièces de puzzle ne s’assemblent pas d’un coup mais le sens résonne.
Des éléments de bois percent de grandes structures rectangulaires blanches capitonnées et enveloppées de vinyl et rappellent des atmosphères concentrationnaires. Les alternatives contenues dans les objets plastiques comme dans les prises de l'artiste suggèrent toutefois l'attente ou l'appel d'un monde plus vivable. De telles pièces nous aident à penser à cette face cachée que le plasticien suggère pour nous obliger à nous demander "à quoi ça ressemble là-dessous" (B. Nauman).
Jean-Paul Gavard-Perret
14:30 Publié dans France, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
27/06/2020
Entre elles : Isabella Sommati
A sa manière et en photographiant les femmes d'une équipe de football Isabella Sommati leur donne un répit et un autre campement. Le rôle que la société leur impose est changé grâce à l'aire de jeu. Les sportives sont saisies ici backstage : à savoir dans le repli de leur vestiaire.
Et si parfois un dos anonyme est nu l'Italienne ne cherche pas pour autant à théâtraliser des scènes implicitement lesbiennes comme c'est souvent le cas dans le shooting du football féminin - en ce sens plus libre que son grand frère chez lequel l'homosexualité reste un tabou. L'artiste et ses modèles ne cherchent pas plus la pose et la beauté marmoréenne. La sueur au corps le fruit autant de la conquête d'un trophée que le plaisir de se retrouver dans un espace de liberté et de partage entre femmes.
Elles viennent des hauts ou des bas quartiers de la ville, de divers milieux et sont d'âges bien différents. Le vernis du glamour éclate. Le temps est à un hors cadre social loin du capot des robes et des fards. Plutôt que d'essayer les recettes de séduction les femmes redeviennent amazones en s'attribuant un sport par essence patriarcal dont elles transforment l'esprit.
Jean-Paul Gavard-Perret
Voir le site de l'artiste.
14:23 Publié dans Femmes, Images, Résistance, Suisse | Lien permanent | Commentaires (1)