25/03/2020
Marinka Limat : prélude aux temps de crise
Plus que pour bien d'autres le confinement pour la fribourgeoise Marinka Limat n'est pas chose aisée. Celle qui a inséré le "format pèlerinage" dans l'art doit cesser ses périples à la rencontre des officiants qui dirigent ou animent les grandes institutions artistiques publiques ou privées. Sa performance est en arrêt mais elle aura ensuite beaucoup à nous apprendre sur les difficultés du monde artistique après ce cataclysme et plus généralement sur le sens à accorder à la vie.
Utilisant le corps et le chemin comme "outil de travail", la marche aide l'artiste à s’extraire de la société pour mieux la comprendre. Espérons après ces temps difficiles la retrouver avec le "K" sur ton chapeau. La lettre issue de l’allemand car pour Marinka Limat renvoie au kunst (art) mais peut aussi renvoyer à la « Kommunikation », « Kreation » et peut faire référence à l’anarchie ou renvoyer d’un point de vue graphique au chemin. Cette lettre est elle-même un point de rencontre et ce projet sans le savoir est devenue un prélude à notre temps de crise.
A chaque étape la pèlerine demande aux acteurs de l'art leur "bénédiction" : "Elles sont comparables à des petites performances dans la grande performance. Certaines personnes disent quelque chose, parfois juste un mot, d’autres accomplissent un geste." Se crée un nouveau lien de l’art et du sacré. Il est vieux comme le monde et sans doute même à l'origine de l'art. Mais il ne s'agit plus de produire des objets (ils nous submergent) mais un lien entre les êtres selon une sorte de confucianisme implicite qu'il faut apprendre à réinventer écrit l'artiste.
Jean-Paul Gavard-Perret
08:40 Publié dans Culture, Femmes, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.