19/03/2020
Charles-Albert Cingria poète émerveillé de Paris
Celui qui se nommait «chat sauvage» ou encore «monsieur en complet gris suivant les nuages» semblait écrire à la va comme je te pousse. Il pouvait multiplier plusieurs versions d'un même texte sans que puisse être découvert laquelle était la définitive : preuve que l'auteur était un virtuose des mots.
Inclassable et paradoxal, pédaleur encore plus véloce que Jarry, ami de Claudel, Jouhandeau, Max Jacob, de Cocteau et de combien d'artistes, il fut considéré par Jean Starobinski comme "un des meilleurs peintres de Paris". Aria del Mese le prouve. Après avoir voyagé en Europe et en Afrique et avant de retrouver sa Suisse natale, Cingria s'établit dans la capitale française où il. publie des chroniques dans La Nouvelle Revue Française. Dans ce texte il décrit Paris commme "une ville où on voit tout d’un coup des choses comme ça : un papillon qui sort du cerveau d’une statue, puis s’élève d’un lourd vol vaseux, puis plane."
La ville est plus belle dans ses évocations qu'elle ne l'était réellement à l'époque. Cingria y voit de l'or sur les façades et "de l’herbe tendre, de belles meules éternelles" pas très loin de là. Voire... Mais se retrouve là son aptitude aux évocations émerveillées qui rendent son monde et son écriture incomparables."Aria del Mese" devient une boîte à surprise sur une table de nuit. Mais elle contient bien autre chose que des babioles. Sous un ciel magnanime s'y découvre d’étranges fleurs plantées dans le désordre. Sous l'eau tarie des fuites des toits de Paris les odeurs stagnent en mille sources d'inspiration.
Jean-Paul Gavard-Perret
Charles-Albert Cingria, "Aria del mese, Fata Morgana, Fontfroide le Haut, 80 p.
(dessin d'Alechensky pour "Carnet du chat sauvage").
21:20 Publié dans Culture, Lettres, Suisse, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.