21/01/2019
Frérécic Aquaviva : Isidore Isou l'oublié
Frédéric Acquaviva, "Isidore Isou", Editions du Griffon, Neuchatel, 2019.
Trop méconnu par rapport à Dada, au futurisme et au surréalisme, le Lettrisme reste un mouvement majeur. Avec son chef de file Isidore Isou, grand oublié de l'histoire de l'art, une certaine poésie mourait parce que soudain elle fut démentie par une autre recherche. L'auteur d'origine roumaine la porta sur des fonds baptismaux. Hélas elle fut oubliée longtemps au détriment d'une “poésiequette” : celle-ci continue en servante en employant non seulement les vieux moules mais aussi les vieilles manières d’envisager le langage comme pour perpétuer un patrimoine littéraire littéral.
Isou ajouta néanmoins un autre visage à la poésie. Ou plutot il la remplaça par ce qui fut pris pour la déclamation et la musicalité de la poésie théâtralisée. Certes ces deux éléments ajoutent des gammes inédites propres à enrichir la poésie et épuiser une certaine façon de l’envisager. Toutefois le lettrisme ne voulait exister que pour faire le ménage et s'effacer.
Cela se produisit. Mais pas comme Isou l'entendait. Le créateur est pratiquement gommé de l'histoire littéraire au profit ou au détriment d’une poésie moins rebelle aux canons classiques. Isou n’a donc pu casser que de manière provisoire les valeurs stables de ce qu’il nommait la “mélodie sèche” de la poésie habituelle. Mais cet essai lui rend ce qui lui revient. Frédéric Acquaviva a travaillé avec lui les dix dernières années de sa vie et fut avec Bernard Blistène le responsable de plus importante rétrospective sur le Lettrisme. Le livre remet les pendules du Lettrisme à l'heure et surtout le sort de "l'enfer" où elles demeuraient cachées.
Jean-Paul Gavard-Perret
16:03 Publié dans Culture, Images, Lettres, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
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