08/01/2019
La réalité alternative de Chris Dorley-Brown
Chez le photograhe britannique Chris Dorley-Brow, la figuration du réel est toujours tirée au cordeau et à quatre épingles. Mais pour mettre à mal les sujets classiques que l'artiste feint de montrer. Il crée des décalages avec humour corrosif et dérisoire là où le propulsif l’emporte sur le prostré, le viscéral sur le statuaire. Autodidacte, le photographe a fait ses "classes" dans l'East London des années 70 et plus particulièrement dans des rues du quartier de Hackney. C'est pourquoi certaines de ses prises ne sont pas sans rappeler le "Blow up" d'Antonioni.
Chris Dorley-Brown installe son appareil pour capturer l’activité de la rue. De retour au studio, il superpose les moments qui en résultent dans une composition étrange où tout bascule de la réalité vers le songe. Jaillit une marge de l'image et de la réalité. Les deux sont portées vers la drôlerie et le mystère. Le photographe tient pour dogme le mépris des contraintes naturalistes. La rue est sublimée en un surréalisme particulier.
En un dispositif continuel d’hybridation invisible Chris Dorley-Brown crée un fantastique très particulier. Le polymorphe rode sans cesse et fait glisser les apparences sur divers plans. Les cadrages et la lumière fomentent des images ambiguës et déconcertantes. S'en suivent des quiproquos. La technique qui préside à la "réalité" et à la fermentation du «photographique» devient un moyen de plonger l'apparence vers une nouvelle interrogation.
Jean-Paul Gavard-Perret
Chris Dorley-Brown, "The Corners", Rober Koch Gallery, San Francisco, du 5 janvier au 2 mars 2019.
10:18 Publié dans Culture, Humour, Images | Lien permanent | Commentaires (0)
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