25/11/2018
Valérie Belin : extension du domaine de la photographie
Dans la suite d'un axe majeur de son travail, Valérie Belin scénarise ici trois modèles presque interchangeables. Elles sont moins que geichas ou que "China girls". Ce terme désignait l’actrice anonyme qui servait à étalonner la charte des gris pour la première image qu’on insérait dans l’amorce d’un film afin d'en faire des copies.
A sa manière l'artiste, au delà d'un temps précis, les revalorise. Leurs mains caressent l'étoffe de leurs élégants atours. Le voyeur se laisse prendre à la lumière de la vitrine de ce qui devient le magasin de curiosités où elles brillent. Manière de faire corps avec un leurre. Mais de tels femmes ne sont pas l’envers des décors. Leur robe peut tourner autour de leurs hanches ou laisser jaillir des jambes d'opale, mais leurs histoires fondent des avenirs douteux à ceux qui cherchent dans l’art une narration de l'illusion - sauf s’ils l’acceptent plus fabuleuse qu'affabulatrice.
Valérie Belin aime les vertiges. Elle le prouve en faisant partager au sein des corps divers seuils. L’occasion est belle de multiplier des erreurs de conduite à travers de tels motifs. Le vrai y surgit parfois là où on ne l’attend pas. Est-il au plus profond ou déposé en surface ? Maîtresse du traitement de la lumière, des contrastes et de divers paramètres savamment orchestrés, Valérie Belin travaille l’incertitude et le doute par extension du domaine de la photographie.
Jean-Paul Gavard-Perret
Valérie Belin, "China Girls", Galerie Nathalie Obadia, Bruxelles, du 15 Novembre 2018 au 22 Décembre 2018.
11:53 Publié dans Femmes, Fiction, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
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