09/11/2018
Le bel aujourd'hui de Geneviève Romang
Geneviève Romang, « ne peux pas ne pas », art & fiction, Lausanne, 20168,CHF24, 64 p.
Sur la couverture, un titre. Mais excentré. Comme prêt à sortit du cadre – ou y renter. Car un doute subsiste dans cette invitation liée à l’obligation que s’impose l’artiste comme possédée d’un besoin irrépressible. Et sur la première page tout reste énigmatique avec une paroi d’Url obscurs.
A partir de là, dans son livre d’artiste, Geneviève Romang navigue à vue et à gestes en dessinant au feutre en traits noirs des figures pleines qui condensent ses recherches complexes. Ses synthèses poétiques mettent à mal les lieux communs et les évidences. Existe donc une théotie pratique d’us et coutumes faits pour déroger aux règles admises. Il y a aussi une invitation par la créatrice à lui emboîter le pas, la main et surtout notre matière grise afin de faire sortir notre imagination, folle de ce logis pour que nous osions à notre tour affirmer que «Demain n’est pas annulé.» Encore faut-il s’en occuper dès le bel aujourd’hui.
Chez l’artiste, la pratique du dessin, se prolonge dans les installations et les vidéos et dans des lieux non dédiés à l'art pour en questionner le contexte. Dans une approche néo-fluxus elle questionne la situation de l’individu – et comme c'est le cas dans ce livre – pour créer une communauté à la reprise de ses possibilités de création et d’existence. Le temps tremble non au cadran du banal bracelet-montre mais celui d’un temps traversé de désir qui sort des « gluantes masses cérébrales pour s’en libérer.
L'artiste propose des barrages afin que le monde comme l’être ne cessent plus d’exister. Il doit trouver le moyen de sortir de la nuit qui est tombée dans ce livre noir pour ouvrir le « je » à la recherche du risque.C’est un tour de magie ou d’espoir radical et minimaliste pour renverser le fini dans l’infini propre à donner à l’être une dimension qu’il a perdue dans sa culture d’un ego réduit à sa plus simple expression . Il se contente d’être le peu qu’il est et que trop souvent la poésie classique comme les techniques numériques caresse mollement.
Jean-Paul Gavard-Perret
11:22 Publié dans Femmes, Genève, Images, Lettres, Suisse, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)
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