28/03/2018
Quand Su-Mei Tse révise l'éloquence
Su-Mei Tse, « Nested », Aargauer Kunsthaus, Aarau, du 5 mai au 12 aout 2018.
Su-Mei Tse choisit ses médiums (installations, vidéos, photographies, objets...) en fonction de l'idée qui préside à l'élaboration de chacune des ses œuvres. Bien des perceptions coexistent : le spectateur peut les saisir selon sa culture, sa sensibilité et ses références personnelles. Violoncelliste de formation, l’artiste compose son espace d'exposition comme un jeu de rythmes. La pause est aussi importante que le son en des « sculptures » nées par exemple des variations de Bach par Glenn Gould. Mais parfois le seul bruit de l'exposition reste celui de chats que l'artiste a enregistrés pour les assembler en un "oronrontorio"…
L’artiste combine, à Aarau, des œuvres anciennes avec le lieu spécifique d’exposition. Elle y introduit aussi de nouveaux éléments (plantes et minéraux) dans des ensembles visuels et acoustiques avec par exemple un ensemble de balles de diverses couleurs dans un équilibre précaire et une poésie qui rappelle le cosmos. Parfois réapparaît la tradition de la peinture paysagiste chinoise inhérente à ses racines. L’ensemble repose la question d’être au monde avec subtilité et humour
Une telle œuvre semble aller au dessous du silence parfois dans un jeu baroque où le potentiel des mots comme des sons est réanimé. Au moment où tout semble se refermer dans le dépouillement total et au bord du vide. Néanmoins s’y cache encore quelque chose. Et dans cette "Fermeture en fondu" que Beckett évoquait dans Nacht und Traüme, le travail de Su Mei Tse pénètre, prend le relais. Existent encore un (faible) afflux, un (moindre) appel, une visite. Dans l'extinction, loin des rigueurs de l'éloquence.
Jean-Paul Gavard-Perret
14:54 Publié dans Femmes, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
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