14/02/2018
Pola Sieverding : coups de coeur
Pola Sieverding sait faire briller la lumière d’abîme et de gloire en ses imageries héroïques du boxeur. Le récit iconique jette les héros hors d’eux-mêmes tout en faisant pénétrer ce qui secoue leur buste par fougue doublée parfois d’un désarroi étrange qui apparaît sur leur visage. Photographié par une femme, le corps gagne une certaine plasticité
Il faut donc regarder « The Epic » comme un conte « moral » et parfois érotique. Le corps devient lui-même langage et il est montré en instance de pouvoir s’imposer à un alter ego sous la contrainte de la pression de la foule et des enjeux d’un sport qui reste chargé de mythe. Il ramène à l’origine même de la lutte première qui opposa un homme à un autre.
Pola Sieverding s’intéresse moins aux à-côtés du combat qu’à ce qui engage dans la psyché du boxeur. Elle montre comment le passage à l’être s’effectue dans ce qui pour beaucoup reste un phénomène de foire. Et rares sont les images qui permettent de sortir la chair au moment où se déploie une fougue, une volupté qui ne peuvent qu’interroger et mettre à mal les certitudes autant des femmes que des mâles. Les deux reçoivent de telles photographies moins comme un uppercut au foie qu’un cérémonial et un acte de foi en un direct au cœur sous la lumière des spotlights.
Jean-Paul Gavard-Perret
Pola Sieverding, « The Epic », Hatje Cantze, Berlin, 96 p., 25 E., 2018.
15:05 Publié dans Culture, Femmes, Images, Sports, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
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