16/01/2018
Magali Latil : anéantissement et exaltation
Magali Latil crée une recherche picturale dans laquelle sont éliminés les surcharges rhétoriques et effets de métaphores par l'utilisation d'une série d'ellipses, de soustractions, de mouvements et de lignes contradictoires. Tout joue entre exaltation et anéantissement. Le regardeur n’a plus l'impression de se situer devant la toile ou les calques mais "au-dedans", au milieu de ces traits qui pénètrent la surface sans jamais la conquérir.
Une forme d’effacement exprime moins du négatif qu'elle ne dégage simplement l'exprimable pur en une sorte d’évaporation jusqu'à la transparence où rien ne peut être réel que le presque rien. Pour Magali Latil les images doivent être autre chose que la possession carnassière des apparences, autre chose que cette mimesis en laquelle, depuis la Renaissance italienne, elles se sont fourvoyées dont le prétendu réalisme est la forme la plus détestable.
Le dessin permet à l’art de devenir abstracteur de quintessence en éliminant tout wagnérisme pictural. La seule peinture est celle qui ouvre sur un vide qu’il s’agit de cerner. L'Imaginaire pictural trouve la puissance paradoxale de creuser le monde. L'oeuvre se démet de tout chaînon expansif : un énoncé pictural est presque dissout dans la plénitude lacunaire de ses blancs, comme si la matrice pesait de tout son poids sur les lignes et leurs effets de trames dans l’émergence d’un « à peine, à peine » cher à Beckett.
Jean-Paul Gavard-Perret
Magali Latil, « La couture du blanc » ; Editions Remarque
10:42 Publié dans Femmes, Images, Lettres, Suisse | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Les créations de Magali Latil prennent la relève des broderies de Louise Bourgeois . Ligne ,fil, filiation qui s'épanouissent dans une autre direction . Blanche floraison catharsis du " wagnérisme pictural " .
Comme l' écrit très justement JPGP " A peine , à peine " cher à Beckett .
Écrit par : Villeneuve | 16/01/2018
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