10/11/2017
Colette Pourroy : traversées du silence
Pour Colette Pourroy Eve reste la première des femmes et l’archétype du féminin. A la manière des peintres religieux ou panthéistes, l’artiste transforme ses modèles en double par ce qui devient l’ébauche d’une histoire d’amour. L’attention de l’artiste à son sujet est profonde mais la façon « troublante » de le saisir évite l’anecdote. Les photos deviennent un récit énigmatique. Flous vaporeux, contrastes entre le blanc laiteux et le noir ne sont jamais des effets de style. Ils transposent le réel par une focale volontairement imprécise.
Une lumière irradiante presque mystique se mêle à la sensualité. Ce qui ne peut se dire devient chant visuel.Dans le huis clos d’une chambre comme au sein de la nature des dérives sont suggérées. Il existe des histoires d’âme mais aussi de corps. Un tel univers ne cesse de faire penser à Virginia Woolf et à Duras (pour les histoires de plages). Le monde est labyrinthique, la sensation troublante dans ce qui tient de l’indice, de l’écharpe.
Tourne toupie : les corps s’ouvrent à la lumière parfois en minuscules coulées. Une forme de mystère mêle un fond originel à un corsetage subtil. Emergent diverses ambivalences en de telles métamorphoses. Débordent des barques au delà de l’étreinte : chaque photographie prend le large, quitte l’ombre ou en joue. Existe en elle une porte. Seule Colette Pourroy en possède la clé.
Jean-Paul Gavard-Perret
Colette Pourroy, "Eve Réincarnée", Edition André Frère 2017
10:15 Publié dans Femmes, Images, Suisse, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)
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