03/11/2017
Les pro-thèses d'Eva Stenram
L'artiste suédoise Eva Stenram ne cesse de détourner de vieilles photos de pin-up des magazines de charme des années 50 et 60. Elles posent dans des décors d'intérieurs "middle-class" ou devant rideaux et tentures. Elles sont cachées au trois quarts, parfois la plasticienne n'en montre qu'une jambe gainée d'un bas et d'un talon-haut. Le décor passe au premier plan selon une série de retouches astucieuses.
L’équilibre de chaque photographie est irritant puisqu’il s’érige au service d’uns "claudication"... Sa surface agace moins par les accidents qu'elle comporte que par la femme devenue absence, prothèse ou ambiguïté qui échappe au voyeur. L’Eros est « soufflé » au profit de sa comédie.
L’artiste s’empare des stéréotypes ave légèreté pour créer un espace où joue le manque. Le tout dans une virtuosité. Elle cultive la profondeur plutôt que la simple verve entre vertige et lucidité par l’acidité que chaque œuvre fomente. Eva Stenram indique le seuil d’un lieu où « l’objet » et le regard se perdent. La femme devient, la proche et la lointaine, la vulnérable et l’inaccessible. Sa présence perdure sans pour autant effacer les pensées de néant.
Jean-Paul Gavard-Perret
The Ravesrijn Gallery,Westerdoksdijk 603, Amsterdam
14:40 Publié dans Femmes, Humour, Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
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