03/09/2017
Richard Meier au fil des jours et des livres
Il existe une continuité évidente entre les livres créés par Richard Meier. L'univers se constitue dans une sorte de longue vue envoûtée où images, couleurs et textes se mélangent entre rêve et réalité en d'étranges charpentes de mots, découpes, coulures placées sous le signe de l'intervalle. L'artiste décompose l'espace en refusant les conventions et au sein de ventres et de solitudes chargées des contours multiformes séduits par les hypostases du réel mais qui se dissout en multiples états.
Images et mots dialoguent. Ils témoignent de l'attachement de Richard Meier pour ce qui peuple son monde intérieur. Le bâtisseur escalade le support afin de répandre des flaques qu'aucun frisson ne vient troubler et qui ressemblent parfois à d'étranges animaux aussi familiaux qu'inconnus. Chaque page devient une glissade, elle se répète ou plutôt varie là où le sens tourmente, vacille.
Richard Meier ne prétend pas changer le cours du monde, mais - têtu - il s'obstine à en donner des équivalences en des leporellos partiellement "asphaltés" avec des mots planant au-dessus des nappes. L'artiste travaille jusqu'à en avoir mal aux épaules pour répondre à une promesse : chasser le cafard en apportant des jours bleus, des nuits enfiévrées, des lacs en mélopées. Les projets semblent avoir ni rime, ni raison mais c'est une illusion d'optique. La couleur conduit la main par-ci, par-là contre la tristesse et là où les mots dérapent. Le tout sans goût du fixatif absolu et sans principes préfabriqués.
Jean-Paul Gavard-Perret
Richard Meier, "Astérismes - Bleu profond", "Un art pour les yeux", Editions Richard Meier, 2017.
17:34 Publié dans Images, Lettres, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
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