31/07/2016
Bruno Walpoth et la condition humaine
Bruno Walpoth crée des sculptures d’humains en bois. Leur réalisme est surprenant. On en oublie parfois la matière lorsque le sculpteur utilise la peinture semi-translucide pour faire porter l'attention à un hyperréalisme particulier. Peu à peu l’artiste brouille les cartes du genre et de son hérésie fidèle au désir de ne rien négliger ce qui peut contribuer à le discréditer.
La sculpture sur bois s’éloigne de la dimension artisanale. Les êtres semblent seuls au monde. Chacun semble perdu n’en comprenant ni la moitié, ni le quart. La statuaire devient déconcertante par sa force non à retracer le corps mais à faire ressentir la profondeur de l’être avant que, de bois, il retourne en cendres.
Il semble une nature morte dont surgit un abîme là où néanmoins un érotisme demeure présent même s’il égare toute signification possible, et ne rassemble plus les êtres. Réduits au silence ils sont proches de ce qu’émettait Beckett dans « Esquisses radiophoniques» «: D'accord, la respiration, je ne sais pas..." Ne serait-ce pas là une ultime hypothèse ou un ultime traquenard tendu par Walpoth afin de laisser croire à un semblant d'existence mais qui ramène l’être à la simple condition d’être « ça » ?
Jean-Paul Gavard-Perret
14:05 Publié dans Images, Suisse | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.