06/09/2015
Georges Pichard ou le salace vintage
Georges Pichard, Exposition du 10 septembre au 10 octobre 2015 à la Galerie HumuS, Lausanne
Etrange impression que celle éprouvée à revoir les planches des albums mythiques du dessinateur (Paulette avec Wolinski,Ulysse), ses dessins humoristiques (entre autres dans Le Rire et Le Fou Rire) et son œuvre terminale, sans doute la plus sulfureuse : « La Perfection Chrétienne ». A l’époque l’œuvre semblait d’un érotisme ardent. Celui-ci fait aujourd’hui l’effet d’un pétard mouillé si l’on excepte l’imagerie de « La Perfection » qui aurait ravi Bataille et ses catéchumènes.
Certes l’artiste se plaisait à mettre « du riquiqui dans les mictions » (Bohumil Kaspa). Mais les tendres matrices de fausses vierges et les chaudrons de sorcière endiablées restent sinon lettres mortes du moins de pâles semences à la fermentation des désirs postmodernes. Les soufflés de Pichard sont retombés et ne sont plus les caprices des dieux pour mortels. Face à ce qui se crée de nos jours les mères Michelle (qui n’ont jamais perdu leur chat) prennent le statut d’images (presque) pieuses. Certes elles ne sont pas de celles que les communiants pourraient mettre dans leur livre de messe. Mais il faut désormais d’autres fruits graphiques pour que murissent certains émois. Néanmoins il est bon de remonter à la quasi-préhistoire d’un genre que l’artiste honora toujours avec style baroque et classique à la fois. Il devint ainsi un précurseur du gothique « gore » en ne cessant de se moquer des chastetés en usages. Pichard fit en effet du rire le « propre » de l’homme : chez celui-là l’humour décharge aussi vite qu’un éjaculateur précoce.
Jean-Paul Gavard-Perret
13:05 Publié dans Humour, Images, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)
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