26/04/2015
« Suisside » : Dunia Miralles
Dunia Miralles, « Swiss Trash », coll. Poche Suisse, l’Age d’Homme, Lausanne, 2015.Vernissage culturel et festif du livre le samedi 9 mai 2015 à partir de 16h, librairie et galerie HumuS, Lausanne
Dunia Miralles est (peut-être) la plus romantique des femmes. Certes le titre de ses livres ne le prouvent pas : Swiss trash, Fille facile et Inertie sont pour le moins sulfureux mais ils cachent des histoires d'amour romantiques dont l’excès pousse autant au tragique qu’à l’implacable drôlerie. Ses personnages sont particuliers (euphémisme). Vivant en funambules amateurs sur le fil de l’existence ils deviennent des vecteurs d’une folie urbaine contemporaine. Quittant sa Chaux-de-Fonds d’adoption l’écrivaine va chercher l’inspiration lorsqu’elle est à Paris « sur le tombeau d'Alphonsine Plessis, dite Marie Duplessis, devenue Marguerite Gautier sous la plume d'Alexandre Dumas fils ». Elle y trouve là un fil romantique pour rendre hommage à la grande littérature et surtout à celles qu’on nomme « putes » ou encore « chandelles consumées, dérisoires » mais qui permettent à leur clients de croire à la vie en donnant du plaisir au « bestiau » qu’il soit avide, insatiable ou triste.
Ces femmes Dunia Miralles les considère comme ses semblables, ses sœurs. Comme elles, Dunia Miralles se sent embrasée, embrassée, oublieuse de tout dans certains instants d’intensité revendiquée comme telle. Néanmoins celle qui feint de se présenter comme pute et soumise ne l’est pas. Elle se veut amoureuse, romantique mais d’un genre particulier. Ceci dit-elle la « potentialise niveau Q, ce qui a pour effet de stimuler sa créativité ». Mais c’est une posture amusante (pour éviter de pleurer) pour celle qui a peu de temps pour se livrer au plaisir des sens : écrire nécessite un grand investissement voire une ascèse. Néanmoins à l'horaire accommodant elle répond au premier appel : « entre un TGV et deux avions, elle descend de ses cieux » pour emmener l’homme dans des transports avec du « délectable et raffiné » type sucrerie au caramel salé qu’elle « consomme avec une pointe de grand A » comme Amour même si elle ne fait aucune illusion sur la réciprocité romantique de son partenaire. Mais pour elle cela reste anecdotique : brûler son « elle » ne l’empêche pas de voler de ses propres ailes. Dunia Miralles a payé pour ça comme le rappelle la réédition de son livre majeur « Swiss Trash » avec son « flow » d’ironie contre le malheur. Celui-ci se croit vainqueur mais il n’est qu’un perdant dont l’auteure à tout loisir de lui laisser croire qu’il est magnifique.
Jean-Paul Gavard-Perret
Photo de l'auteure par Shelley Aebi.
09:59 Publié dans Femmes, Lettres, Suisse, Vaud | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Merci pour cet article sur mon amie Dunia et son intemporel style littéraire, si vrai et sans fards!
Écrit par : Aebi Shelley | 27/04/2015
vos photographies sont magiques.
Écrit par : gavard-perret | 27/04/2015
bonjour monsieur gavard -perret
un grand merci (en retard) pour le texte qui me montre beaucoup de comprehension, humour, sensibilité et savoir, que vous avez consacre a mon travail artistique!! (avec les photos prise a EAC.)
vous m avez beaucoup fait rire, avec le ¨mauvais gout de meilleur engeance¨ect
je me demandais ou et comment vous etes tombe sur mon travail?
j ai une autre expo en ce moment et jusqu au 7. juin, a galerie zimmermannhaus brugg.(ensemble avec antal thoma)
http://www.zimmermannhaus.ch/ga-a-aktuell.html
si vous auriez le temps et l intérêt de venir voir et si vous me prévenez , j aimerais bien vous presenter l installation.
avec beaucoup d admiration pour vos textes.
Max (DBAB)
Écrit par : max | 28/04/2015
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