16/03/2015
Stéphanie Pfister étrangère au Paradis
« La plage », edition Ripoée, Nyon, « Entre le soulèvement des fesses et le soulèvement des pistolets en plastique », coll. Sonar, art&fiction, Lausanne.
Stéphanie Pfister aime les germinations intempestives, figuratives mais dégingandées et approximatives, insolentes et poétiques. Etres et objets sont traités selon une perspective ludique mais néanmoins profonde : une main marquée de quelques traits dit tout de la vieillesse. Bref partout où le dessin laisse sa trace une hantise naît. Pas la peine de "chiader" les détails et les raccords. L'artiste ramène toujours à "l'humaine condition" sans tambour, ni trompette. Chaque objet "torché" ou tordu en devient la métaphore propre à illustrer ce qui nous affecte et nous grignote.
Dans ses schèmes simplifiés l’artiste évacue l’empâtement au profit de l’économie graphique. Son rôle n’est pas de faire corpus au monde mais de mettre à nu sa mécanique. Stéphanie Pfister neutralise les discours sociologiques, politiques. Elle inscrit la dérision qui oblige le regardeur à construire sa propre lecture et analyse Par son minimalisme l'œuvre griffe la peau des apparences, démonte ses constructions. Cela permet de suggérer ce qui fait notre débauche paisible, notre pusillanimité voire notre absence de vertu. L'artiste prouve que ce que nous pensons reste une erreur conforme. Dessiner, installer (mal pour déconstruire mieux) revient à s’arracher à l'erreur mystique en des devoirs de drôlerie corrosive. De telles œuvres miniatures ou grandioses éloignent des contorsions spéculatives. Les éléments du réel tels qu’ils sont proposés font éclater les stéréotypes avec une volupté aussi drôle que sérieuse.
J-Paul Gavard-Perret
11:26 Publié dans Femmes, Genève, Images, Vaud | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Très bon article sur l'art de Stéphanie qui est une amie à moi et qui a collaboré à mon dernier film.
Avec mes bonnes salutations,
Lucienne Lanaz
Écrit par : Lucienne Lanaz | 19/03/2015
Les commentaires sont fermés.