15/02/2015
S’en tenir là : Montel par Claire Nicole
Jean-Claude Montel. « Obscuration lente », Bois gravé de Claire Nicole, Passage d’encres, Guern, 2013, 12 €. Claire Nicole : www.clairenicole.ch
La Médée de Sénèque lançait : « Lorsque le monde sera plus vieux ; un moment viendra où l’Océan déliera les choses ». Pour chacun de nous ce moment existe. Notre océan est sans doute réduit à une flaque mais il n’empêche que la douleur existe. Montel rappelle cette descente aux enfers de la manière la plus pudique qui soit. Le poète n’a pas besoin d’inventer des territoires fabuleux pour dire la chute et l’attente entre le silence et le cri. La Vaudoise Claire Nicole lui emboîte la pas.
Erre la phrase ( du moins ce qu’il en reste) , advient le texte : « ménage à fond / Sol – mur – plafond / Verres – cendriers / Effacer – effacer / le moindre bruit ». Mais reste aussi le collage de Claire Nicole tel un « son » fondamental où tout se tait lorsque la pression du cri est si intense qu’il ne peut plus sortir et que de toute façon il serait trop vain. Du cri que Montel porte en lui il ne peut même plus rien dire. Il « obéit » au presque silence, à l’abri des mots. Au moment où la docte ignorance du cœur rejoint le lot des choses et ce qui fait que les mortels sont communs, demeure l’image la plus simple qui les accompagne sans masques ni repères. Elle est comme déchirée par le murmure du poète.
Jean-Paul Gavard-Perret.
16:32 Publié dans France, Images, Lettres, Vaud | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Médée appartient quand même bien au fabuleux. Chez Sénèque, ce qu'elle dit doit s'entendre au sens littéral, le philosophe romain pensant qu'un jour l'eau de la mer dissoudrait toutes les terres, ferait mourir tous les êtres qui vivent à l'air libre, les noierait, il l'a écrit.
Écrit par : Rémi Mogenet | 18/02/2015
Selon Sénèque, Médée aurait dit qu'un jour l'eau de la mer dissoudrait toutes les terres, ferait mourir tous les êtres qui vivent à l'air libre, les noierait.
Eh bien, ce fabuleux jour, ne nous restera que le cri. Un hurlement sans complexe:
"Médée!... Médée" ou "M'aider!... M'aider" ou mieux encore "Mayday!... Mayday!"
Une expression maritime de détresse que ne connaissait pas Jason ni les autres Argonautes, puisqu'elle n'a été officialisée qu'en 1929.
Écrit par : Père Siffleur | 18/02/2015
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