27/01/2015
Les surfaces troublantes de Charlotte Herzig
Charlotte Herzig, Galerie Heinzer Reszler, 1003 Lausanne. Charlotte Herzig, Andreas Hochuli „Il frutto dentro di me“, Kunsthaus Langenthal, 5 février - 29 mars 2015
Charlotte Herzig aime égarer le regard du spectateur. Il vient boire la lune dont là source se perd en chaque oeuvre en attendant qu’elle brille. En vue de cette ivresse tout un travail de dérivation et de suspension aérienne a lieu. L’errance est programmée par superposition et effacement. Demeurent parfois des cercles, parfois d’étranges frottis dont l’artiste devient moins la narratrice que la questionneuse. Elle est tout autant la Sisyphe heureuse des insomnies qu’elle propose là où l’accoutumance n’a plus de prise. Les couleurs déteignent en un dégel espiègle si bien que l’artiste de Vevey semble aussi ascète que voluptueuse même si on ignore tout d’elle. On peut l’imaginer émue, vulnérable en passant à travers son miroir multi-faces et le labyrinthe d’œuvres qui semblent « inachevées » mais parfaitement accomplies.
La peinture elle-même y est mise en représentation par effet d’incipit. L’insolence de la trajectoire borde l'abîme selon une langue plastique aussi légère qu’obscure dont il ne reste parfois que des empreintes sur la neige, un courant d'air, un tremblement, un élan. Le tout en crescendo ou decrescendo, en parenthèses jamais refermées et constellations ou nébuleuses. Le temps s’y déboîte sans se couper du présent. L’ensemble attend on ne sait quel bris de glace. La lumière s’étale, la couleur s’efface. L’être y cherche une voie là où la peinture, griffe et balafre jusqu’à sa presque disparition dans sa recherche d’absolu.
Jean-Paul Gavard-Perret
13:18 Publié dans Femmes, Images, Suisse, Vaud | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Si les surfaces de l'artiste sont troublantes, sur sa première oeuvre présentée ci-dessus, c'est le petit trou noir qui est le plus troublant...
... Und, wie es Loïc Schwartz heute leider weiss, sind Löcher nicht immer ganz herzig!
Écrit par : Père Siffleur | 27/01/2015
Les commentaires sont fermés.