02/08/2014
Poupées et exvotos d’Isabelle Zufferey-Dubord
Avec Isabelle Zufferey Dubord le corps tente de se dégager de sa coque qui est devenue sa complice. Il refuse d’y suffoquer en douceur et exige une autre histoire. Avec une autre fin. Il y a là des innocents qu’il faut regarder pour guérir du temps qui passe et pour comprendre que l’on peut se sauver de la maladie de la mort. Ecoutons ce que disent de telles images dans la densité de leur silence sans fond : elles sont d’étranges visiteuses. Les blessures du passé ne demandent qu’à s’asseoir près d’elles. Isabelle Zufferey Dubord crée un besoin mélancolique de partager le chagrin du temps et de trouver dans ces reliques toute la vie cachée. Comment ne pas être touché par de telles œuvres ? Les corps (ou leur enveloppe) sont là pour montrer combien sont forts leur chagrin et notre peine. Beaucoup restent emmitouflés. Ils sont pourtant des coups de poing de petits Moïse sortant de l’eau. Personne pour le prendre sur des genoux. Ces enfants, ces poupées est-ce vraiment eux ? Est-ce vraiment nous ?
Reste leur Passion qui ne peut dire son nom mais que l’artiste montre en ses exvotos. Tous demandent confusément pardon. Mais de quoi sinon des cicatrices faites à la terre ? La Genevoise apprend que nous devrions compter nos journées de joie sur les doigts de leurs mains, sur le pouls de leur cœur. Isabelle Zufferey Dubord les projette pour des noces à venir tandis que dans leur silence ils hurlent ce qu’on ne veut entendre. Leurs larmes restent invisibles. Mais contre la mort une fois de plus les innocents reprennent leur tâche. Ils sont là, telles des momies vivantes. Elles sont là en bonnes camarades. Nous sommes leurs égarés provisoires. Notre foule est de plus en plus compacte.
Jean-Paul Gavard-Perret
09:31 Publié dans Femmes, Genève, Images, Vaud | Lien permanent | Commentaires (0)
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